Horreur thérapeutique : lorsque le corticoïde salvateur provoque une allergie, que faire ?

jeudi 5 mai 2005 par Dr Stéphane Guez32244 visites

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Horreur thérapeutique : lorsque le corticoïde salvateur provoque une allergie, que faire ?

Horreur thérapeutique : lorsque le corticoïde salvateur provoque une allergie, que faire ?

jeudi 5 mai 2005, par Dr Stéphane Guez

L’allergie aux corticoïdes est une réalité souvent méconnue et qui pose des problèmes thérapeutiques difficiles souvent d’ailleurs chez des patients qui ont, comme par hasard, besoin de cette classe médicamenteuse. Est-ce qu’il s’agit vraiment d’allergie ? La réaction est-elle croisée avec toutes les molécules ?

Les réactions non immédiates aux corticoïdes par voie systémique évoquent un mécanisme immunologique. : A. Padial1, S. Posadas1, J. Alvarez2, M.-J. Torres3, J. A. Alvarez1, C. Mayorga3, M. Blanca

1Servicio de Alergologia, 2Departamento de Anatomia Patologica, Hospital Universitario La Paz, Madrid ; 3Servicio de Alergologia, Hospital Universitario Carlos Haya, Malaga, Spain

dans Allergy 60 (5), 665-670

 Introduction :

  • L’administration de corticoïdes (CS) par différentes voies peut entraîner des réactions allergiques diverses, ce qui gêne leur utilisation ultérieure pour les patients affectés.

 Objectif de l’étude :

  • Afin de vérifier s’il existe un mécanisme immunologique à la base de ces effets indésirables d’allure allergique, les auteurs ont étudié un groupe de patients ayant des symptômes évocateurs d’une réaction allergique non immédiate aux CS.

 Méthodologie :

  • Les études ont inclus :
    • des patch-tests ainsi que des tests en IDR,
    • une étude immuno-histochimique
    • et un test de provocation pour reproduire les manifestations cliniques.
  • Les cytokines IL4, IFN gamma et TNF alpha ont été mesurées dans le sang périphérique durant la réponse au test de provocation

 Résultats :

  • Sur 32 patients évalués présentant un exanthème ou une urticaire non immédiate, 21 patients ont été finalement retenus comme positifs après un test de provocation.
  • Les médicaments les plus souvent en cause sont la beclomethasone, et la dexamethasone.
  • Moins de la moitié des patients répondent à la prednisolone alors que quelque uns répondent à 3 ou plus CS.
  • L’hydrocorticone et le deflazort sont bien tolérés par tous les patients.
  • Les sujets ayant un test cutané positif en patch ou en IDR ont un infiltrat mononucléaire périvasculaire avec présence de lymphocytes CD4 et CD8, et sont positifs pour le CD45RO+ (lymphocytes mémoires) et pour le CD69 (marqueur d’activation).
  • L’étude des cellules mononuclées pendant la réponse aigue au test de provocation montre une production d’IFN gamma et de TNF alpha, avec une diminution de l’expression d’IL4.

 Conclusions :

  • Les réponses indésirables systémiques aux différents corticoïdes évoquent une réaction non immédiate.
  • Les manifestations cliniques associées aux études immunologiques suggèrent une réponse cellulaire T.
  • La réponse est fortement corrélée au type de corticoïde. Elle est spécialement observée pour la beclomethasone et dexamethasone, alors que l’hydrocortisone et le deflazacort sont bien tolérés.

Dans ce travail, les auteurs confirment l’existence de manifestations générales indésirables à type d’urticaire et d’exanthème lors de l’administration de corticoïdes par voie générale. Le mécanisme est d’origine allergique, avec implication des lymphocytes T, et production d’IFN gamma et de TNF alpha.

Ce travail est intéressant à un double titre.

D’abord il confirme, sur une série de patients importante, qu’il y a bien des effets généraux chez certains patients lors de l’administration de corticoïdes par voie générale. Ces manifestations sont reproductibles et de type urticaire ou exanthème avec, lors des tests cutanés, une réaction évocatrice de vascularite.

L’analyse immunologique a montré qu’il y a au niveau des tests un afflux de lymphocytes dont des LT mémoires avec une activation cellulaire.

Le mécanisme implique des cytokines en particulier TNF et INF.

Il y a donc bien une réaction immunologique à l’origine de ces effets indésirables.

Il y a une corrélation entre un corticoïde donné et une réaction, montrant le caractère spécifique de la réaction.

Les auteurs ont démontré l’absence de réactions croisées avec l’hydrocortisone et le deflazacort qui sont donc des alternatives thérapeutiques possibles pour les patients qui présentent des réactions allergiques aux corticoïdes.

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