Santé et Environnement, les spécialistes existent déjà : les allergologues

mardi 13 décembre 2005 par Philippe Auriol9580 visites

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Santé et Environnement, les spécialistes existent déjà : les allergologues

Santé et Environnement, les spécialistes existent déjà : les allergologues

mardi 13 décembre 2005, par Philippe Auriol

En novembre 2005, le bulletin de l’Ordre National des Médecins faisait état d’un dossier intitulé "À quand une médecine environnementale ?" qui faisait écho à une réunion réalisée dans le cadre des jeudis de l’Ordre "L’environnement, une préoccupation croissante pour le corps médical ?". Pas une seule fois le titre d’allergologue n’y est prononcé : un bien triste constat.

La santé et l’environnement

La relation entre notre organisme et l’extérieur est la base de la science appelée immunologie.

Cette relation complexe fait intervenir des notions diverses d’hygiène, de toxicité, d’allergènicité, d’irritation et de carcinogénèse. Toutes ces notions sont en soit des domaines de sous spécialisation avec des médecins hygiènistes, des toxicologues, des allergologues, des cancérologues.

Les médecins allergologues bénéficient depuis 1990 de la qualification d’allergologue et d’immunologiste clinicien car, de fait, ils sont amenés à différencier dans les symptômes des réactions immunes de leurs malades ce qui est lié à une infection, une allergie, une pathologie cancéreuse ou une dysimmunité. Leur formation les amène à considérer les symptômes quel que soit l’organe touché puisque notre système immunitaire n’est pas cantonné à un organe mais qu’il veille partout dans notre corps.

Aucune autre spécialité médicale à ce jour ne peut se targuer d’une telle polyvalence dans sa qualification : l’allergologue est le médecin sentinelle de l’environnement et de sa relation avec l’être humain.

L’environnement une préoccupation permanente pour les médecins allergologues

Le rapport du jeudi de l’ordre intitulé "L’environnement, une préoccupation croissante pour les médecins ?" illustre bien, malheureusement, cette ignorance de l’allergologie en France par nos instances ordinales.

A 7 reprises en 25 pages les mots de l’allergie y sont cités : allergie(s), allergiques et jamais le titre d’allergologue n’y est mentionné. Il concerne pourtant 1700 médecins Français qui pratiquent l’allergologie de manière permanente.

L’introduction même du rapport est criante : "En France, 30 000 décès sont liés à la pollution de l’air. Le nombre d’allergies a doublé en 20 ans. Entre 7 % et 20 % des cancers seraient imputables à l’environnement. Il est urgent de se pencher sur les effets de l’environnement sur notre santé".

santé et environnement
santé et environnement, jeudi de l’ordre des médecins

Les jeudi de l’ordre ont proposé un abord en trois points :

 Outils et moyens à disposition pour comprendre la relation santé-environnement les outils de veille en santé publique existent nous dit ce compte-rendu. Ce sont l’Afssa, l’invs, l’afsset.

Devons nous rappeler aujourd’hui à nos collègues de l’ordre que notre site, journal en ligne des allergies, relaye chaque information issue de ces instances (sauf l’affest qui nous était inconnue) et de bien d’autres concernant les allergies à nos lecteurs ? Et même au delà de l’allergie : ce qui est cause de consultation et de plaintes de nos malades est évoqué dans nos pages. Les allergologues sont ainsi informés en temps réel des relations santé-environnement !

 Le rôle du médecin dans ce contexte Il y est tour à tour présenté comme une sentinelle potentielle auprès du malade et comme un relais auprès des instances gouvernementales (lanceur d’alerte).

Informé quotidiennement des nouvelles publications et données sur le sujet, le médecin allergologue effectue une recherche permanente des nouvelles pathologies causées par de nouvelles substances environnementales et de leurs effets variés (allergie croisée, irritation cutanée muqueuse etc.)

 Les lanceurs d’alerte

Ignorez vous donc, chers membres de l’ordre, que les allergologues participent activement à des systèmes multiples d’allergovigilance ? Vigilance en allergie alimentaire avec l’Afssa et le Cicbaa, vigilance en cosmétologie avec l’Afssaps, vigilance en toxicité avec la MSA, vigilance en polluants atmosphérique avec le rnsa. Tous ces réseaux auxquels participent la plupart d’entre nous sont fondamentaux dans la relation santé-environnement et les médecins allergologues y sont tout à fait présents.

Il est attristant de voir que si ce compte-rendu s’émeut de la faible mobilisation des médecins en général pour le sujet ""santé et environnement", les médecins allergologues n’aient pas été conviés lors de cette réunion et leur fonction n’y ait pas été du tout abordée.

La médecine environnementale existe : c’est l’allergologie

Voilà en une phrase ce que je souhaiterai dire à nos responsables du bulletin de l’ordre des médecins de novembre 2005 qui titrent : "À quand une médecine environnementale ?".

En effet, il semble bien que Arlette Chabrol (qui a réalisé ce dossier) n’ait pas bien vu les illustrations choisies pour ce dossier : en entête de dossier un médecin allergologue effectue des tests cutanés, en page suivante une malade souffre de rhinite, l’image suivante montre une asthmatique en consultation et enfin une enfant exposée aux poussières de diesel. Enfin ? Non, pas tout à fait. Une image en avant dernière position montre un logo de l’amiante (ce qui ne concerne effectivement pas directement les allergologues) mais la photo suivante montre là aussi le rôle des allergologues avec un pot de peinture dont les effets néfastes sont ainsi évoqués (isocyanates, résines, solvants etc).

Une iconographie tout à fait parlante : le médecin d’environnement c’est le médecin allergologue.

Pourtant, à lire le texte, cela n’a rien à voir : on y parle d’hygièniste (étant médecin hygiéniste moi-même je me dis que la spécialité est bien moins développée que l’allergologie sur le sujet), de santé publique (où l’on voit très bien un rôle collecteur mais certainement pas un rôle de relais clinique) ou de pneumologue (ce qui reviendrait à considérer que seul le poumon souffre de l’environnement, ce qui est pour le moins réducteur). Quid des allergologues ?

Et lorsque le Dr Kahn-Bensaude dit fort justement qu’Hippocrate affirmait que "pour approfondir la médecine, il faut considérer d’abord les saisons, connaître la qualité des eaux, des vents, étudier les divers états du sol et le genre de vie des habitants", j’entends là que c’est Hippocrate lui-même qui, sans le savoir, avait défini le domaine de compétence des médecins allergologues.

Alors quoi ? Les médecins allergologue sont ils si méconnus de l’Ordre des médecins qui leur attribue leur qualification qu’il n’en parle même pas dans ce qui est le coeur de leur métier ?

J’espère que non et je souhaite que, par hasard ou par une bienveillante attention, ils lisent un jour cet article et puissent faire amende honorable en reconnaissant que cette fameuse spécialité médicale "Santé et environnement" ce n’est jamais que ce que nos pères en médecine ont appelé dans les années 50 "Immunologie clinique" et qui est la deuxième partie du titre dans la qualification des médecins allergologues.

La relation entre notre système de défense et son environnement ? rien de nouveau sous le soleil dirait Qoheleth.

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