Gerda : le congrès du Dr Bonneau

mercredi 2 octobre 2002 par Dr Jean-Charles Bonneau7215 visites

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Gerda : le congrès du Dr Bonneau

Gerda : le congrès du Dr Bonneau

mercredi 2 octobre 2002, par Dr Jean-Charles Bonneau

En complément du Dr Auriol qui vous a déja livré sa vision du congrès, je voudrais vous faire part des communications marquantes du 2ème jour, après-midi.

Conduite à tenir devant une urticaire profonde

 Madame COLLET a précisé de façon clair, didactique, les différentes formes d’urticaire profonde connues et décrites. Elle a ainsi, en ce qui concerne l’œdème angio-neurotique héréditaire, bien précisé les différents types auxquels nous pouvons être confrontés :
* le type 1, le plus fréquent, avec un déficit de production du C1 inh,
* le type 2, beaucoup moins fréquent, (15 à 20 %) dû à une anomalie fonctionnelle du C1 inh.

Elle a signalé, au-delà de ces 2 formes maintenant bien connues, que des manifestations auto-immunes pouvaient être associées de façon régulière aux œdèmes angio-neurotiques, notamment chez la femme, avec présence d’un lupus ou de thyroïdite, de maladie inflammatoire du tube digestif, anémie de Biermer ou autre polyarthrite ou syndrome de Gougerot Sjögren.
* Enfin, un 3ème type d’œdème angio-neurotique héréditaire semble maintenant se faire jour sans que des anomalies portant sur les fractions étudiées régulièrement du complément soient en cause : on parle d’œdème angio-neurotique héréditaire lié à l’X .... et survient, bien sûr, essentiellement chez la femme. La prise de contraceptifs semble associée à ce genre de symptômes.

Sur le plan thérapeutique, elle a rappelé l’intérêt du DANAZOL et, également, des prises séquentielles possibles de ce traitement avant un geste chirurgical par exemple.

 Parmi les formes acquises, là encore type 1 et type 2 s’opposent :
* dans le type1, vu la consommation excessive du C1 inh. lors d’une activation de la voie classique du complément ; baisse des fractions C4, C2 et surtout C1q, une baisse également du dosage quantitatif du C1 inh.
* dans le type 2, la biologie est surtout marquée par la présence d’anticorps anti C1 inh ; dans ce cas là, si le C4 et le C2 sont bas, le C1q sera normal ou abaissé, le dosage quantitatif du C1 inh. sera normal ou bas. L’activité fonctionnelle du C1 inh. serait effondrée.

La distinction entre les types 1 et 2 ne semble pas aussi claire et impose un examen particulièrement attentif des résultats….

 Les angio-oedèmes produits par les médicaments sont fréquents ; ils peuvent répondre souvent à un mécanisme IgE dépendant ; il convient d’y penser, notamment chez les sujets âgés poly-médicamentés.

Les médicaments en cause seront les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IEC), antagonistes de récepteur de l’angiotensine 2, les anti-inflammatoires non stéroïdiens, les fibrinolytiques , les oestrogènes, voire d’autres médicaments tels que les inhibiteurs calciques, les psychotropes ou la cordarone.

En pratique, il conviendra toujours après interrogatoire devant un angio-oedème, d’éliminer une cause médicamenteuse, de rechercher d’éventuels facteurs de contact ou des facteurs physiques, et, enfin de rechercher des arguments en faveur d’une association à une autre maladie, notamment auto- immune.

Hyper-éosinophilie

Le Professeur B. LORCERIE (service de médecine interne / DIJON) nous a montré l’étendue des pathologies compatibles avec une hyper-éosinophilie, avec un souci constant de simplification et d’efficacité.

Deux situations peuvent apparaître :
 Devant une hyper éosinophilie modérée, on recherchera
*une allergie
*un médicament ou un toxique,
*une parasitose.

 Devant une hyper éosinophilie importante, on éliminera en premier :
*une parasitose,
*une hémopathie ou un cancer,
*en désespoir de cause, un syndrome hyper éosinophilique.

Je ne peux m’empêcher de donner quelques éléments complémentaires et particuliers pour le syndrome de Churg et Strauss : vascularite avec manifestations pulmonaires au premier plan. Cette pathologie souvent révélée par un asthme mérite peut-être plus d’attention que l’on y pense, surtout quand elle est accompagnée d’une rhinite et d’une polypose nasosinusienne ; il convient de pas alors la confondre avec un syndrome de Fernand Widal.

Mastocytoses

Monsieur le Professeur Edouard GROSSENS nous a fait un résumé et une classification des mastocytoses toujours caractérisées par une augmentation anormale de la densité des mastocytes dans un organe.

La peau et le tube digestif, notamment le foie ou encore la moelle osseuse, sont les organes les plus touchés.

Si les mastocytoses peuvent être uniquement cutanées, indolentes, responsables d’un inconfort fonctionnel limité à des phénomènes prurigineux locaux, le plus fréquemment ; parfois, elles s’accompagnent de signes systémiques et sont alors responsables de prurit diffus de bouffées vasomotrices inexpliquées, de céphalée, de malaises de forme syncopale, de diarrhées...

Les patients atteints d’une mastocytose ne sont pas tous forcément allergiques mais, la thérapeutique peut généralement se résumer de la même façon ,surtout lors de choc anaphylactique.

Les mesures d’éviction alimentaires proposées n’ont jamais semble-t-il rien apporté.

Il faut donc toujours faire attention chez ces patients à la prescription de certains médicaments tels que les dextan, les produits de contraste iodés, l’aspirine, la codéine qui peuvent être à l’origine d’accidents aigus.

Enfin, il conviendra bien sûr, dans la mesure du possible, de prévenir l’anesthésiste avant une intervention, dans ce genre de pathologie.

TRAITEMENT DES URGENCES EN ALLERGOLOGIE.

Du traitement des urgences en allergologie, je n’ai pas grand chose à dire ; une nouvelle fois, le rôle de l’adrénaline a été mis en évidence et rappelé.

Toutefois, on peut regretter que l’emploi de stylo d’adrénaline auto injecteur n’est pas été signalé dans cette communication car, c’est là vraisemblablement un progrès.

Tout cela n’enlève rien au schéma thérapeutique habituel basé sur l’adrénaline, les corticoïdes injectables ou per os, toujours le traitement en urgence des pathologies allergiques gravissimes.

PETITES COMMUNICATIONS

Parmi les petites communications qui ont suivi, je me permets de vous en signaler une car elle me tient à cœur :

La région d’Angers présente une particularité parmi les allergènes de contact : l’hortensia, plante qui fleurit particulièrement sur la cote atlantique et est produite quasiment en totalité dans la région angevine avant d’être dispersée dans le monde entier ; cela explique sûrement les 90 % d’eczéma de contact à cette plante, découverts à Angers.

Merci, si certains d’entre vous avaient une observation de ce genre, merci de la signaler sur notre site, nous pourrions ainsi renvoyer l’information jusque dans le service de dermatologie du C.H.U. d’Angers qui collige ces observations. Merci pour cette œuvre de « Phyto-vigilance ! »


La pathologie cutanée allergique recèle donc des pièges pour l’allergologue que seule une bonne connaissance des diagnostics différentiels permettra d’éviter.

Vos commentaires

  • Le 10 mai 2016 à 13:39, par Guillon En réponse à : Gerda : le congrès du Dr Bonneau

    Bonjour .
    J’habite à Chambéry en Savoie et j’ai depuis deux ans des formes dallergie sur les mains similaire à ceux que vous evoquier dans votre compte rendu.
    En effet les symptômes apparaissent début mai jusqu’à octobre ce qui correspond bien à la période des hortensia tout en sachant que ma profession est fleuriste.
    Donc problématique.
    Jaimerai savoir les traitements qui peuvent exister ou qui sont en cours pour y remédier.
    Bien cordialement
    Arnaud Guillon

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