Un manifeste pour la décroissance en allergologie.

mardi 26 novembre 2013 par Dr Céline Palussière1362 visites

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Un manifeste pour la décroissance en allergologie.

Un manifeste pour la décroissance en allergologie.

mardi 26 novembre 2013, par Dr Céline Palussière

La recherche d’IgE spécifiques pour rPhl p 1 est suffisante pour le diagnostic d’allergie aux pollens de graminées. : Bokanovic D, Aberer W, Hemmer W, Heinemann A, Komericki P, Scheffel J, Sturm GJ. Determination of sIgE to rPhl p 1 is sufficient to diagnose grass pollen allergy.

dans Allergy 2013 ; 68 : 1403–1409.

 Contexte :

  • Les nouveaux outils diagnostiques tels que les tests d’activation des basophiles (TAB) et le diagnostic moléculaire (component resolved diagnostic, CRD) sont prometteurs pour le diagnostic d’allergie alimentaire ou aux venins d’hyménoptères.
  • Il n’a pas encore été prouvé qu’ils apportaient un réel bénéfice dans le diagnostic des allergies respiratoires
  • Notre but était de comparer les tests récents et anciens dans l’allergie aux pollens de graminées.

 Méthodes :

  • Quarante-neuf patients souffrant d’une allergie aux pollens de graminées et 47 sujets contrôle ont été recrutés de façon prospective dans l’étude.
  • Un score symptomatique était calculé pour chaque patient.
  • Des tests de provocation conjonctivaux (TPC), des prick-tests (PT), des TAB et recherche d’IgE spécifiques incluant le CRD ont été réalisés.
  • La sensibilité et la spécificité des tests ont été comparées et les résultats ont été corrélés avec le score symptomatique.

 Résultats :

  • La détermination unique de présence d’IgE spécifiques vis à vis de rPhl p 1 a montré le meilleur équilibre entre la sensibilité (98%) et la spécificité (92%).
  • L’utilisation de composants supplémentaires, comme rPhl p 2 et 5, n’a pas augmenté la sensibilité.
  • En règle générale, la sensibilité des tests était élevée : 100% pour les TC, 100% pour ISAC-112, 98% pour les IgE vis à vis de la fléole, 98% pour le TAB, 84% pour l’ISAC-103, et 83% pour le TPC.
  • La spécificité allait de 79% (TC) à 96% (TPC).
  • Tous ces résultats et la valeur calculée (c’est à dire le ratio IgE spécifiques / IgE totales) n’étaient pas corrélés avec la sévérité des symptômes.
  • Les sensibilisations asymptomatiques à la fléole étaient rares chez les sujets contrôle (11%) et essentiellement due à une sensibilisation à Phl p 1.

 Conclusion :

  • rPhl p 1 a été suffisant pour le diagnostic d’une allergie aux pollens de graminées, et le profil de sensibilisation était le même chez les sujets sensibilisés symptomatiques et asymptomatiques.
  • La recherche de réactivité vis à vis de multiples composant n’avait que peu d’intérêt et aucun test n’était corrélé avec la sévérité des symptômes.

Les techniques de laboratoire en allergologie progressent, et permettent d’affiner le diagnostic de différentes pathologies. L’utilisation du diagnostic moléculaire, désormais utilisé en routine, permet ainsi de préciser le profil de sensibilisation des patients, pour une prise en charge mieux adaptée à chaque cas.

De nombreuses publications ont ainsi pu montrer l’apport de ces techniques dans les allergies alimentaires, les allergies aux venins d’hyménoptères et les polysensibilisations aux pneumallergènes.

Cet article a cherché à définir l’intérêt de ces techniques dans la prise en charge des patients allergiques aux pollens de graminées... ce qui est quand même relativement fréquent dans nos consultations.

Les auteurs ont comparé l’apport de différentes techniques dans le diagnostic d’allergie aux graminées : tests cutanés, recherche d’IgE pour l’extrait total de fléole, recherche d’IgE pour certains composants moléculaires, biopuces ISAC, tests d’activation des basophiles, tests de provocation conjonctivaux.

Les performances diagnostiques (sensibilité et spécificités) étaient calculées et rapportées aux scores symptomatiques de chaque patient.

La recherche d’IgE spécifique pour rPhl p 1, la bêta-expansine de la fléole, était le test le plus fiable pour le diagnostic d’une allergie aux pollens de graminées.

En cas de suspicion d’allergie aux pollens de graminées, un seul dosage IgE permettrait donc de poser le diagnostic ?

Certes, mais... En consultation, les patients polysensibilisés aux pollens sont légion. Comment identifier ceux qui ne vont réagir qu’aux graminées et ceux qui sont gênés par tous les autres pollens, alors que la plupart de nos patients disent souffrir « dès les premiers beaux jours, quand les pollens arrivent » .

Alors rien de tel qu’une bonne batterie de tests cutanés, permettant de tester plusieurs pollens, pour préciser le diagnostic. La sensibilité des tests cutanés atteignait 100% dans cette étude. Et comme leur spécificité est plus faible (79%), la recherche des IgE au niveau moléculaire, ciblée d’après ces tests, permet de définir précisément le profil de sensibilisation.

Les examens biologiques ne pourront donc pas supplanter la clinique avec les tests cutanés... Et en matière d’allergie respiratoire, il n’y a pas d’intérêt à multiplier les dosages et techniques, à partir du moment où les recherches sont ciblées.

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