Les immunoglobulines peuvent décider si l’omelette sera baveuse ou bien cuite.

jeudi 3 avril 2014 par Dr Céline Palussière614 visites

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Les immunoglobulines peuvent décider si l’omelette sera baveuse ou bien cuite.

Les immunoglobulines peuvent décider si l’omelette sera baveuse ou bien cuite.

jeudi 3 avril 2014, par Dr Céline Palussière

Le ratio IgE/IgG4 spécifiques de l’ovalbumine pourrait améliorer la prédiction de l’acquisition de tolérance à l’œuf cru et cuit chez les enfants allergiques à l’œuf. : M. Vazquez-Ortiz, M. Pascal, R. Jiménez-Feijoo, J. Lozano, M. T. Giner, L. Alsina, M. A. Martín-Mateos, A. M. Plaza,

dans Clinical & Experimental Allergy, 2014 (44) 579–588.

 Contexte :

  • Des éléments de prédiction du développement de l’acquisition spontanée de tolérance orale à l’œuf cru et à l’œuf cuit sont nécessaires chez les patients allergiques à l’œuf

 Objectifs :

  • Il s’agissait de comparer les performances diagnostiques de différents tests immunologiques en rapport avec l’allergie ou la tolérance à l’œuf.

 Méthodes :

  • Des enfants âgés de 5 à 18 ans avec un diagnostic d’allergie IgE-médiée à l’œuf ont été recrutés.
  • Tous ont suivi un régime strict d’éviction de l’œuf.
  • Des prick-tests ont été réalisés, et ont été recherchées les IgE spécifiques pour l’ovalbumine, l’ovomucoïde et le blanc d’œuf, ainsi que les IgG4 pour l’ovalbumine et l’ovomucoïde.
  • Après réalisation de test de provocation avec de l’œuf dur et de l’œuf cru, les enfants étaient classés en tant qu’allergiques à l’œuf cuit (AOcuit, n=50), ou tolérants (TOcuit, n=35), ou en tant qu’allergiques à l’œuf cru (AOcru, n=64), ou tolérants (TOcru, n= 21).
  • Statistiques
    • Analyses comparatives (AOcuit vs TOcuit et AOcru vs TOcru).
    • Régression logistique mutivariée.
    • Analyse des courbes ROC (receiver operating characteristic) des tests en rapport avec l’ AOcuit et l’AOcru.
    • Les points de décision négative étaient définis en tant que seuils avec une sensibilité de 95%.

 Résultats :

  • La présence d’IgG4 spécifiques de l’ovalbumine est apparue comme un facteur de protection indépendant contre l’allergie à l’œuf cru.
  • Dans l’identification des patients ayant une forte probabilité de tolérance à l’œuf, le rapport IgE/IgG4 spécifiques de l’ovalbumine tendait à de meilleures performances que les IgE spécifiques et les prick-tests, en particulier chez les enfants ayant des IgE spécifiques de l’ovalbumine < à 1.9kU/l (pour AOcru) et de l’ovomucoïde < à 2.12kU/l (pour AOcuit).
  • Les seuils les plus efficaces pour recommander un test de provocation étaient des taux IgE/IgG4 inférieurs à 2.49 pour l’œuf cuit et 1.45 pour l’œuf cru, qui étaient respectivement associés à 89.5% et 80% de probabilité de tolérance (valeur prédictive négative 0.08 et 0.06).
  • Ces seuils identifiaient correctement comme tolérants 23% et 14% d’enfants supplémentaires, avec des tests de provocation négatifs pour l’œuf cru et cuit, respectivement, par comparaison avec les seuils de décision par IgE spécifiques seuls.
  • De plus, les prick-tests tendaient à de meilleures performance que les IgE spécifiques seules pour l’ovomucoïde (< à.92kU/l) et l’ovalbumine (<1.37 kU/l), dans la prédiction de la tolérance à l’œuf cru et cuit.

  Conclusions :

  • Les IgG4 spécifiques de l’ovalbumine sont un facteur indépendant de prédiction du développement de la tolérance orale à l’œuf cru.
  • Le ratio IgE/ IgG4, suivi par les prick-tests, semblent avoir de meilleures performances que les seuls IgE spécifiques pour l’identification des enfants allergiques à l’œuf et ceux qui développent une forte probabilité de tolérance à l’œuf cru et cuit au cours de leur suivi.

La définition de seuils d’IgE-réactivité est toujours un Graal auquel aspirent les allergologues (certains allergologues), tant ils sembleraient pouvoir faciliter la prise en charge des patients souffrant d’allergie alimentaire.

Jusqu’à présent, aucune tentative n’a été bien satisfaisante, car les populations étudiées ne ressemblent pas forcément aux patients traités, et ce qui est valable ici ne l’est pas forcément ailleurs. Force est de constater que la clinique, les tests cutanés et les dosages biologiques restent tout autant indispensables les uns que les autres.

L’allergie à l’œuf est une allergie alimentaire d’excellent pronostic chez l’enfant, puisque l’on considère habituellement qu’à 4 ans, 90% des enfants seront guéris. L’acquisition de tolérance commence par l’œuf bien cuit, par dénaturation des allergènes thermosensibles.

Or la tendance actuelle serait à une guérison de plus en plus tardive, sans que l’on sache bien expliquer pourquoi. Alors l’idée d’un seuil décisionnel paraît une nouvelle fois attirante, pour nous aider à décider quand on va pouvoir proposer l’introduction d’œuf dur, puis de moins en moins cuit.

L’originalité de cette étude tient à l’évaluation d’un rapport entre les taux d’IgE spécifique et d’IgG4 vis à vis des allergènes majeurs de l’œuf, que sont l’ovalbumine et l’ovomucoïde. Les performances diagnostiques de ce rapport ont été comparées avec celles des IgE seules et celles des tests cutanés.

La détermination d’un seuil de 2.49 pour l’œuf cuit et de 1.45 pour l’œuf cru permettait de détecter plus d’enfants tolérants à l’œuf cuit (23% en plus) ou cru (14%) que les seuils d’IgE spécifiques isolés. Cette proportion d’enfants aurait donc pu, d’après les auteurs, être dispensés de TPO.

Ces seuils prennent donc en compte les anticorps « tolérogènes », et permettent d’affiner le diagnostic. Intéressant, mais en pratique, l’intérêt reste encore faible.

Plus intéressant pour les réticents au « tout biologie » : juste après ce fameux ratio, les tests cutanés affichaient aussi de bonne performances diagnostiques, meilleures que celles des IgE spécifiques.

Allez, un prick avec l’œuf cru et un prick avec l’œuf cuit, avant les IgE et autres IgG4 !

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