Alerte : l’immunothérapie au venin d’abeille ne protège pas tous nos patients !!!

mercredi 21 mai 2014 par Dr Stéphane Guez2046 visites

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Alerte : l’immunothérapie au venin d’abeille ne protège pas tous nos patients !!!

Alerte : l’immunothérapie au venin d’abeille ne protège pas tous nos patients !!!

mercredi 21 mai 2014, par Dr Stéphane Guez

L’allergologie moléculaire révèle des allergènes majeurs supplémentaires chez les patients allergiques au venin d’abeille. : Julian Köhler, Simon Blank, Sabine Müller, Frank Bantleon, Marcel Frick, Johannes Huss-Marp, Jonas Lidholm, Edzard Spillner, Thilo Jakob

dans The Journal of Allergy and Clinical Immunology - May 2014 (Vol. 133, Issue 5, Pages 1383-1389.e6, DOI : 10.1016/j.jaci.2013.10.060)

 Introduction :

  • La détection des IgE vis-à-vis des allergènes recombinants du venin des hyménoptères a été recommandée pour améliorer la précision du diagnostic d’allergie au venin d’hyménoptère.
  • Cependant, la fréquence d’une sensibilisation au seul recombinant disponible du venin d’abeille (HBV), rApi m 1, chez les patients ayant une allergie à HBV est limitée, suggérant qu’il doit exister d’autres allergènes supplémentaires du HBV.

 Objectif de l’étude :

  • Les auteurs ont réalisé une analyse des profils de sensibilisations de patients ayant une allergie à HBV vis-à-vis d’un panel d’allergènes de HBV.

 Matériel et Méthode :

  • Le diagnostic d’allergie à HBV (n = 144) a été fait sur les antécédents, les résultats des tests cutanés et sur les taux des IgE spécifiques vis-à-vis des allergènes.
  • La réactivité IgE à 6 allergènes de HBV dépourvus de réactivité croisée avec les déterminants CDD a été étudiée par ImmunoCAP.

 Résultats :

  • Les IgE réactivités à rApi m 1, rApi m 2, rApi m 3, nApi m 4, rApi m 5 ont été détectés respectivement chez 72.2%, 47.9%, 50%, 22.9%, 58.3% et 61.8% des patients ayant une allergie à HBV.
  • Des résultats positifs à au moins 1 allergène de HBV sont détectés chez 94.4 % des patients.
  • Des réactivités IgE à Api m 3, Api m 10 ou les 2 sont détectées chez 68% des patients et représentent les seules IgE spécifiques de HBV chez 5% des patients.
  • Une inhibition limitée de la fixation des IgE par les traitement HBV et une induction limitée d’IgG4 spécifiques de Api m 3 et Api m 10 observées dans des études récentes chez des patients ayant eu une immunothérapie, confirment l’absence ou la sous représentation de ces allergènes dans les préparations thérapeutiques de HBV.

 Conclusion :

  • L’analyse d’un panel d’allergènes de venin d’abeille dépourvus de résidus CCD :
    • améliore le diagnostic en terme de sensibilité par rapport à l’utilisation de rApi m 1 seul,
    • identifie des allergènes majeurs supplémentaires,
    • et montre que ces allergènes sensibilisants mis en évidence sont absents ou peu présents dans les préparations thérapeutiques allergéniques de venin d’abeille.

Dans ce travail clinique, les auteurs montrent que les patients allergiques au venin d’abeille se sensibilisent à d’autres allergènes que rApi m 1. Il y a en particulier une forte sensibilisation à Api m 3 et Api m 10 qui ne sont pas présents dans les extraits allergéniques proposés pour l’immunothérapie spécifique.

Cet article confirme l’importance de l’allergologie moléculaire dans l’analyse des sensibilisations de nos patients.

Dans ce travail extrêmement bien fait, les auteurs ont analysés les sensibilisations à de nombreux allergènes du venin d’abeilles, identifiés mais non encore commercialisés.

On connaît actuellement les allergènes suivants :

  • la hyaluronidase (Api m 2),
  • la mélitine (Api m 4),
  • la phosphatase acide (Api m 3),
  • la dipeptyl-peptidase IV (Api m 5),
  • Api m 6,
  • les protéines 8 et 9 de la gelée royale (Api m 11)
  • l’icarapine (Api m 10)
    _* ainsi que la vitellogénine (Api m 12).

Ici, les auteurs ont étudié les sensibilisations à 5 nouveaux allergènes en plus de rApi m 1.

Presque 70% des patients ont une sensibilisation à des allergènes qui ne sont pas présents dans les thérapeutiques de désensibilisations : Api m 3 et Api m 10.

Le fait que le profil de sensibilisation des patients allergiques à l’abeille soit très mal représenté par Api m 1 confirme qu’il faut impérativement améliorer nos moyens diagnostiques biologiques pour explorer nos patients allergiques à l’abeille. Cela va permettre non seulement de mieux préciser leur profil de sensibilisation, mais surtout d’adapter le traitement afin d’enrichir les extraits avec ces allergènes qui sont actuellement absents des préparations.

Finalement, on peut expliquer les chocs présentés lors de repiqûre chez des patients désensibilisés à l’abeille, non par un traitement d’entretien avec une dose insuffisante, mais surtout parce que l’ITS ne couvre pas tous les allergènes impliqués dans cette allergie.

Vos commentaires

  • Le 9 février 2017 à 14:45, par Pailly En réponse à : Alerte : l’immunothérapie au venin d’abeille ne protège pas tous nos patients !!!

    Bonjour,

    j’ai fait plusieurs chocs anaphylactiques après une piqure d’abeille, au troisième choc j’ai terminé en réanimation pendant 48h et un kit de survie . Je pratique l’apiculture de loisir seulement depuis 2011. les premières années, je n’avais eu qu’un simple oedème mais en juin 2014 j’ai commencé à avoir un mal aise traité par un médicament pour cardiaque qui m’a été donné par un apiculteur en formation avec moi. L’année suivante, en 2015, j’ai été piqué deux fois avec choc et perte de connaissance, une première fois en bêchant mon jardin et non accompagné, la deuxième fois, après avoir essayé d’attraper un essaim, par une abeille qui était restée dans ma tenue, mon épouse a fait appel au SAMU voyant que j’avais une syncope. Les tests, très faible doses, 1 microg, ont montré une réaction violente locale au venin d’abeille,oedème de 1 cm autour de L’injection par contre rien concernant celle de guêpe et de frelon. Lors de la première séance de désensibilisation, et lors de la quatrième injection, 5 à 10 mn après, j’ai fait un nouveau choc et direction la réanimation une nouvelle fois, pourtant 25% de la dose normale, nous devions terminer à la moitié pour la première séance, suivi de 3 autres espacées de 15 jours puis séance tous les 4 semaines pendant 3 ans. je revois mon allergologue mardi prochain après cet incident. Qu’en pensez-vous ? dois-je persévérer ?
    Salutations.
    AP

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