Supprimer les tests cutanés chez les enfants ayant eu des réactions cutanées modérées non immédiates aux bétalactamines : une vraie provocation !

lundi 12 octobre 2015 par Dr Philippe Carré1330 visites

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Supprimer les tests cutanés chez les enfants ayant eu des réactions cutanées modérées non immédiates aux bétalactamines : une vraie provocation !

Supprimer les tests cutanés chez les enfants ayant eu des réactions cutanées modérées non immédiates aux bétalactamines : une vraie provocation !

lundi 12 octobre 2015, par Dr Philippe Carré

Tests de provocation orale directe dans les réactions cutanées modérées non-immédiates aux bétalactamines. : Emine Vezir1, Emine Dibek Misirlioglu1, Ersoy Civelek1, Murat Capanoglu1, Hakan Guvenir1, Tayfur Ginis1, Muge Toyran1 andCan Naci Kocabas2,*
DOI : 10.1111/pai.12493
dans Vol. 26 Issue 7
Pediatric Allergy and Immunology

 Contexte :

  • Le testing cutané a un intérêt limité dans le diagnostic des réactions d’hyper-sensibilité de type non-immédiat aux bétalactamines chez l’enfant
  • Le but de cette étude était de rapporter les résultats des tests de provocation orale réalisés sans tests cutanés, chez des enfants avec des réactions cutanées modérées non-immédiates, sans symptômes systémiques, aux bétalactamines (BL).

 Méthodes :

  • Des tests de provocation orale avec les antibiotiques suspects étaient réalisés chez des patients avec des réactions cutanées modérées non-immédiates, sans symptômes systémiques, aux BL
  • Les tests cutanés n’étaient pas réalisés avant les tests de provocation
  • Un total de 5 doses était administré à doses croissantes, avec des intervalles d’une demi-heure
  • Le test de provocation était continué pendant cinq jours.

 Résultats :

  • Un total de 119 patients ont été inclus dans l’étude, d’âge moyen de 4.3 ans (IQSR : 2-7.5), dont 58% étaient des garçons
  • L’association amoxicilline-acide clavulanique était le produit le plus fréquemment responsable chez 87 patients (73.1%), et le type le plus habituel de rash était maculopapulaire chez 74 patients (62.2%)
  • Quatre patients (3.4%) ont eu une réaction urticarienne pendant le test de provocation.

 Conclusion :

  • Les auteurs n’ont constaté aucune réaction sévère pendant le test de provocation orale direct, sans tests cutanés préalables, chez des enfants avec des réactions cutanées modérées non-immédiates sans symptômes systémiques
  • Ne pas réaliser de tests cutanés avant le test de provocation orale dans ce groupe d’enfants peut aider à diminuer la charge des structures allergologiques et alléger l’inconfort des enfants.

Les réactions non immédiates aux BL surviennent avec un délai de plus d’une heure après l’administration du médicament.

Il s’agit le plus souvent d’éruptions maculopapuleuses, et attribuer la réaction à une intolérance à l’antibiotique ou à l’infection qui a motivé sa prescription est difficile.

Dans la démarche diagnostique, les tests cutanés peuvent être utiles, mais leur sensibilité et leur spécificité sont faibles et par ailleurs ils sont chronophages et souvent plus délicats chez l’enfant.

Les auteurs ont donc voulu confirmer les recommandations récentes d’une Société Anglaise d’Allergologie (Clin Exp Allergy 2015:45:300-27) sur la réalisation directe d’un test de provocation orale (TPO) sans tests cutanés préalables, dans les allergies non-immédiates modérées (rash maculopapulaire dans 2/3 des cas) aux BL sans symptômes systémiques associés.

Des TPO avec les antibiotiques suspects (amoxi-acide clavulanique dans plus de 70% des cas) ont été réalisés chez 119 petits enfants âgés de 4.3 ans en moyenne, ayant eu de telles réactions aux BL, sans réalisation préalable de TC : seuls quatre patients (3.4%) ont eu une réaction urticarienne pendant le test de provocation.

Deux études préalables dans la littérature ont étudié cette alternative diagnostique dans des éruptions aux BL : des réactions mineures lors du TPO sont survenues dans 14% et 2% respectivement.

Cette étude est donc en accord avec les quelques données antérieures, et le TPO apparaît bien comme le « gold standard » diagnostique dans ce type de réactions ; l’absence de tests cutanés peut diminuer la charge des structures allergologiques et l’inconfort des enfants, et prévenir le sur-diagnostic possible d’allergie lié aux résultats des TC. Il est certainement souhaitable de confirmer ce résultat dans des études plus larges.

Ajoutons qu’il est recommandé de poursuivre la prise de BL pendant les 5 jours qui suivent le TPO, ce qui semble conforté dans cette étude car un des quatre enfants n’a pas réagi au cours du TPO, mais au quatrième jour de la prise de BL.

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