EAACI 2016 : le congrès du Pr. Gabrielle Pauli

dimanche 19 juin 2016 par Dr Hervé Masson10152 visites

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EAACI 2016 : le congrès du Pr. Gabrielle Pauli

EAACI 2016 : le congrès du Pr. Gabrielle Pauli

dimanche 19 juin 2016, par Dr Hervé Masson

Dernière mise à jour le 19 juin à 18 H 30 ---
J’avais l’agréable mission d’accompagner le Pr. Gabrielle Pauli dans son congrès.

Au fil des ces lignes, elle nous livre ses commentaires et répond à quelques questions.


Perspectives actuelles en ITA

ITA injectable versus sublinguale Scadding.

L’orateur a fait l’historique des différents essais cliniques comparant injectable et sublinguale.

Après il a montré un essai non publié réalisé actuellement.
 Avec les graminées, les scores cliniques pour les deux voies sont toujours significativement différents du placebo.
 Mais, seuls les scores global de la semaine et rétrospectif sont équivalents pour les deux voies à 1 an et 2 ans. Tous les autres scores montrent une supériorité de la voie injectable, en particulier au test nasal.
 Les tests cutanés étaient diminués avec les deux voies mais plus avec la voie injectable.
 Après 2 ans de traitement, 1 an d’arrêt, on notait que les scores n’étaient plus différents du groupe placebo.
 Les accidents et effets secondaires ne sont présents que dans la voie injectable.
 En conclusion : la voie injectable est supérieure en terme d’efficacité mais les risques encourus peuvent faire pencher la balance vers la voie sublinguale.

Nouvelles voies d’administration : où en sommes nous ?

La voie intra-lymphatique a été étudiée.

2 nouveaux essais ont été publiés :
 il faut qu’il y ait un intervalle minimum de 4 semaines entre les 3 injections nécesssaires
 cette voie a été essayée pour le bouleau et les graminées
 aucun laboratoire pharmaceutique ne veut développer cette voie alors qu’elle sait que de nombreuses équipes la pratiquent déjà.

Un groupe portant sur l’étude de cette technique a été créé et devrait contribuer à mieux faire connaître cette technique.

La voie épicutanée a été le sujet suivant.

Elle a été découverte par Blamoutier qui avait commencé à en faire sous forme de quadrillage. Il avait 118 résultats positifs sur 141.

L’auteur a montré l’efficacité de cette voie épicutanée.

3 groupes se sont lancés dans cette voie :
 DBV Viaskin , avec des études sur l’arachide en phase 3. Après, ils prévoient un traitement contre l’allergie au lait de vache puis l’œuf.
 La technique impose de poser un patch par jour. L’amélioration est fonction de la dose.

 Un autre groupe japonais utilise une technique à base de microaiguilles.

 Un troisième groupe utilise un laser pour faire pénétrer l’allergène. Mais actuellement, pas encore d’étude chez l’homme.

Comment peut on améliorer l’immunothérapie ?
Roy Gerth van Wijk, Netherlands

Présentation très originale puisque l’oratrice a inventé une technique pour résoudre l’allergie au chat.

Ne les abandonnez plus mais vaccinez les !!

Elle utilise des particules virales qui sont couplées à Fel d 1 et ce conjugué est injecté à .... Minou...

D’après l’auteur, les résultats seraient ??? elle ne peut les donner, son avocat lui a strictement interdit !!!


Composants moléculaires dans la médecine de précision : Symposium Thermofisher

Dans un exposé introductif le Pr Rudolf Valenta a résumé toutes les applications des allergènes moléculaires pour le diagnostic.

 Identification de l’allergène qui a initié la sensibilisation
 Compréhension des profils de sensibilisation complexes chez les patients polysensibilisés
 Prédiction de la sévérité et du tableau clinique dans l’allergie alimentaire et respiratoire. Diagnostic d’une sensibilisation asymptomatique
 Compréhension des allergies croisées
 Choix pertinent des allergènes pour l’immunothérapie allergénique
 Suivi biologique de l’ITA (uniquement avec l’utilisation des puces multiplex)

Briser le secret des allergies aux noix par l’allergologie moléculaire  : Barbara Bellmer-Weber

En Europe,
 dans l’ordre : noisette, noix et cajou en Europe alors aux USA la noix de cajou
 la noix de cajou et la noisette sont les deux principales causes des anaphylaxies.

La noix de cajou :
 Ana o 1 et Ana o 2 sont des globulines, Ana o 3 qui est une 2S albumine. Le diagnostic avec ces 3 allergènes a une sensibilité de 97 %
 1 mg représente 1/100 de la noix de cajou et donne 11% de signes objectifs et 46 % de subjectifs. À titre de comparaison, ces chiffres sont obtenus avec 2,8 mg d’arachide.

La pistache :
 Pis v 1 2S Albumine, Pis v 2 11S Globuline, Pis v 3 7S Vicilin-like Globuline

La noix :
 24 espèces différentes
 Jug r 1 2S Albumine, Jug r 2 7S Vicilin-like Globuline, Jug r 3 LTP (Lipid Transfer Protein), Jug r 4 11S Globuline et il y a une PR 10 et une profiline.

La noisette :
 nCor a 9 11S Globuline, rCor a 1.04 (noisette) Bet v 1-like, protéine PR-10 , rCor a 14 2S albumines, rCor a 8 LTP (Lipid Transfer Protein)
 Cor a 9 et Cor a 14 sont très spécifiques de symptômes objectifs mais il faut savoir que Cor a 1 est quand même responsable dans 49 % de syndromes oraux.
 Cor a 14 est un très bon marqueur au seuil de 0,72 au nord de l’Europe et de 1 pour les pays du sud.
 L’étude EUROPREVAL a montré une sensibilité accrue du diagnostic avec les composants mais on a encore besoin d’autres études.

IgE Fel d 4 : Un prédicteur de la morbidité de l’asthme : Elisabeth Matsui

Cette pédiatre de l’hôpital Johh Hopkins de Boston, a présenté deux études.

Il y a deux marqueurs de l’allergie aux animaux. Fel d 1 pour le chat et Can f 5.

Un travail de Bjerg en 2015 montrait que l’association de la sensibilisation à Fel d 1 et à Fel d 4 prédisait l’asthme. Cette étude a été confirmée par deux autres publications.

Elisabeth Matsui a repris ses données et a démontré que
 plus Fel d 4 est élevé, plus le risque d’asthme est important
 ceci est indépendant du taux d’IgE totales

Approche moléculaire dans le diagnostic de l’allergie aux acariens et de l’asthme : Paolo Matricardi

La concentration des deux allergènes majeurs Der p 1 et Der p 2 peut varier considérablement dans les extraits selon le laboratoire qui les a produit.

Pour les pays tempérés, on peut utiliser Der p 1, Der p 2 et Der p 10 pour le diagnostic.

Dans une cohorte anglaise, les jeunes enfants sensibilisés à Der p 2 et Der p 2 ont un odd ratio de 7,13 pour l’asthme.

Der p 23 peut être présent en quantité à un taux équivalent à Der p 1 et Der p 2.

Der p 21 est surtout dans le corps de l’acarien et on pense qu’il s’agirait d’un allergène qui jouerait un rôle dans l’eczéma.

La cohorte MAS a été débutée il y a 20 ans.
 les enfants sensibilisés aux acariens ont été répartis en 3 groupes

 Il a constaté une évolution naturelle non systématique du groupe A vers le groupe ABC. Il l’a appelée « la règle ABC »
 Le groupe ABC est celui avec des symptômes les plus importants
 La sensibilisation à Der p 1 et Der p 23 en période préscolaire prédit l’asthme à l’âge scolaire.
 La monosensibilisation à Der p 2 est présente surtout dans les rhinites
 La sensibilisation à Der p 23 est associée à une grande quantité de symptôme.
 Il existe des monosensibilisés à Der p 23 qui sont asthmatiques.
 Le fait d’avoir des parents atopiques, d’être exposé à des taux importants d’acariens facilite l’extension de la sensibilisation aux différents allergènes.

Comité d’éthique de l’EAACI

Allergique.org : Parlez nous de ce comité que nous ne connaissons pas.

Il réunit des praticiens historiques de l’EAACI et des spécialistes d’autres horizons de la philosophie, de l’éthique et des représentants de patients.

L’objectif est de répondre à des problèmes d’éthique. Par exemple, dans le choix des dons aux jeunes qui sont invités, sur des problèmes divers de gestion du groupe.

Cette année, la conférence portait sur l’influence de la pollution en Europe. L’évolution est inquiétante et il semble que l’avenir sera pire.

Le philosophe invité a beaucoup insisté sur le fait qu’on peut raisonner de différentes manières. Soit de manière anthropocentrique, soit en pensant à la protection de la nature.

Les mesures de pollution réalisées sont des moyennes et ne tiennent pas compte des pics de pollution qui sont encore plus dangereux.

Isabella Annesi-Maesano a parlé de l’étude SIMPHONI qui couvre toute l’Europe et étudie la pollution dans les écoles : formaldéhyde, le radon, les particules 2,5 µ.
Les surfaces sont trop faibles, beaucoup d’enfants sont malades et l’auteure a parlé d’un seak school syndrom »

Le spécialiste de l’éthique a noté que l’utilisation de nouvelles technologie ne devraient se faire que si elle ne sont pas néfastes pour la planète.

Allergique.org : En conclusion, que retirer de ces présentations ?

Bien sûr, les politiques peuvent intervenir en maintenant, par exemple, des péages à l’entrée des villes...

Mais on a notre responsabilité personnelle, éducative auprès de nos enfants, dans notre vie quotidienne, être attentifs à tous les agents polluants et aux mesures simples dans notre maison.


25 ans d’allergènes recombinants : pièges et bénéfices

What have recombinant allergens taught us ?

Heimo Breiteneder, Austria

Gabrielle Pauli :
 Cette communication a fait l’historique de la découverte et de l’utilisation des recombinants en allergologie.
Depuis les découvertes de 88 , on peut considérer que l’on a isolé les allergènes majeurs des sources allergéniques diverses.

Allergique.org : Pensez vous que tous les allergènes majeurs des sources principales que nous utilisons sont trouvés ?
 Oui, pour les produits les plus répandus. Graminées, arbres, acariens...
Il y a toujours des manquants sûrement dans les mineurs.
 Il se peut aussi que selon les régions du monde, les profils de sensibilisation puissent varier.

Recombinant allergens : Really better than extracts ?

Stefan Vieths, Germany

Gabrielle Pauli :
 Cette communication est très imporante car Stefan Vieths est responsable de l’organisme qui chapeaute la standardisation des allergènes au niveau européen.

 Il a signalé que, pour l’instant, en terme d’immunothérapie allergénique par recombinants, plusieurs essais ont été débutés mais aucun n’est allé au bout.

  • Allergopharma sur un Bet v 1 folding : 3 essais en phase III mais rien de publié
  • Stallergenes avec un comprimé Bet v 1 dont il ignore le développement ultérieur.

 Quand on utilise les recombinants, on oublie le rôle des isoformes. Il existe beaucoup d’isoformes pour chaque allergène ce qui complique énormément la fabrication d’un produit fiable.

 Le chef régulateur, en conclusion, confirme la qualité supérieure des recombinants mais les essais cliniques n’ont été confirmés que sur des petits effectifs, insuffisants pour conduire à un développement industriel.

Recombinant allergens : Revolutionising allergy diagnosis and treatment ?

Marek Jutel, Poland

Gabrielle Pauli :
 Marek Jutel a essayé d’expliquer la médecine personnalisée, il ajoute à la caractérisation du patient par sa sensibilisation, d’autres choses : biomarqueurs, le terrain du patient comme l’exemple donné de l’obésité qui augmente les biomarqueurs inflammatoires.

Ce sont de multiples facteurs hétérogènes non dépendant de la sensibilisation.

Allergique.org : Comment voyez vous l’avenir de l’ITA ?
 Avec des allergènes standardisés.

  • Il serait vraiment important que l’on connaisse officiellement le contenu des extraits au minimum en allergènes majeurs.
  • mai la principale difficulté est, qu’actuellement, seuls Phl p 5 et Bet v 1 sont homologués comme allergènes standardisés pour la thérapeutique. Donc, cela limite énormément les expérimentations.

Allergique.org : Le diagnostic moléculaire est il vraiment indispensable dans la pratique de l’allergologue ?
 Bien évidemment ! Par exemple, dans la mise en route d’une immunothérapie aux pollens. 2 papiers montrent que les indications de désensibilisation sont parfois réduites et dans 45 % des cas on change le traitement.
 Pour les acariens, c’est différent. Der p 1 et Der p 2 sont tellement prédominants dans la population française que les tester est inutile pour l’instant.
 Dans les échecs de la désensibilisation aux acariens, il pourrait être intéressant de connaitre les sensibilisations pour les autres allergènes que les majeurs.


Que savons sur les allergies alimentaires sévères ?

Epidemiology of severe food allergic reactions

Margitta Worm, Germany

Gabrielle Pauli :
 L’oratrice est une dermatologue allemande qui a mis en place un réseau sur l’allergie alimentaire en Europe. La France n’en fait pas partie.
 Il s’avère que les cas fatals sont rares : dans sa cohoorte, sur 2809 cas d’anaphylaxie alimentaire, aucun cas n’a été fatal.
 Elle sépare clairement les cas adultes et enfants.

  • Chez l’enfant :
    • Les plus sévéres : lait : 3% de grade 4
      -**Noisette 3,1 %
    • Arachide : 3,6 %
    • Fruits de mer : 2,7 %
  • Chez l’adulte :Le rôle des cofacteurs est beaucoup plus important.
    • Exercice : d’autant plus qu’il est violent
    • Médicaments
    • Alcool
    • Et infections en dernier

Severity grading of food allergic reactions

Montserrat Fernández-Rivas, Spain

 La communication de l’auteure espagnole a surtout porté sur la nécessité de définir clairement des scores de gravité et d’en valider la pertinence.

5 grades :
 1 = atteinte oropharyngée seulement
 2 et 3 : atteintes ORL, gastrointestinale et peau
 4 : respiratoire et larynx
 5 : sévère : cardiovasculaire et neurologique

L’auteure a essayé de valider ces scores sur les patients de l’étude EUROPREVAL : 2857 réactions alimentaires et 23 aliments testés.
 Elle trouve 35 % de OAS,
 27 % de grade 2,
 7 % de grade 3,
 25% de grade 4 et
 5 % de grade 5

Le but ultime étant de valider la pertinence de ce score pour uniformiser les publications.

Reactions to low food allergen doses : Lessons from one-shot food challenges

Jonathan Hourihane, Ireland

L’orateur présente son projet de limiter la réalisation des TPO à l’utilisation de doses faibles et il a choisi l’exemple de l’arachide.

Nous savons que certains allergiques sont réactifs dès de très faibles doses : particules d’arachide en suspension dans l’air, baiser contaminé ou odeur de poisson par exemple...

Son idée est de rechercher les allergiques qui réagissent aux faibles doses car ils sont plus à risque que les autres.

Dans l’étude qu’il présente, il n’a retrouvé que très peu d’allergiques sévères, dont 4 sans nécessité de traitement lourd.

Il en conclut qu’en se limitant à la réalisation de TPO avec de faibles doses, on désengorgera les services hospitaliers...

Il veut valider ça pour d’autres aliments : la noisette, le lait,

Pollen : More than a grain of allergen

What makes an allergen an allergen ?

Lorenzo Cecchi, Italy

L’orateur est un aérobiologiste de Florence et il a refait un point sur différentes caractéristiques connues que nous ne reprendrons pas ici.

Il a analysé les particularités du climat modifiant le retentissement clinique des pollens chez les allergiques.
 Les orages sont responsables de l’éclatement du grain et de la libération des allergènes, ce qui est bien connu déjà.
 Mais, de plus, des courants d’air froid plaquent les aérosols de pollens vers le sol et donc augmentent la présence de pollens à hauteur d’homme

J’ai aussi appris quelque chose d’amusant. Les pollens de tilleul sont de petite taille et devraient donc diffuser largement, mais la pollinose reste de proximité.
 Cela est du au fait que les pollens de cet arbre sont adhérents, collants à ce qu’ils touchent et donc ne peuvent se répandre loin de l’arbre.

Lorenzo Cecchi expose aussi que pour devenir allergique au pollen de bouleau en Finlande, il faut être exposé à plus de 100 grains par m3, alors qu’en Europe centrale, 30 à 50 suffisent.

  • L’auteur explique ceci par la répartition différente des espèces de bouleau et ça pourrait donc expliquer cet écart.

More to pollens than allergens ?

Claudia Traidl-Hoffmann, Germany

Cette oratrice dynamique a beaucoup travaillé sur les adjuvants des pollens.

Le pollen contient plus de 1000 substances différentes et, en particulier, dans celles de faible poids moléculaire : des lipides. Elles peuvent induire une réponse Th2.

Expérimentalement, il a été montré que quand on était exposé aux pollens et aux UV, il existe une augmentation de l’inflammation responsable de lésions cutanées. Cette co-exposition provoque la sécrétion de cytokines et une zone d’inflammation. Il existe alors une augmentation du SCORAD démontré en chambre d’exposition.

Autre facteur adjuvant, le microbiome spécifique des pollens.
 Il est différent suivant les pollens.
 Il contribuera à des différences d’allergénicité mais ceci doit encore être étudié.

Environmental pollution and allergenic pollen

Isabella Annesi-Maesano, France

Voici un vrai régal. Elle a fait un exposé exhaustif sur les divers polluants et leur action sur les pollens très bien documenté.

En préambule, elle déclare « Dans l’avenir nous serons soumis à un environnement plus toxique sur une population plus réceptive. »

L’augmentation du nombre de pollens serait lié à l’augmentation du CO2.

Les concentrations de pollens par heure sont liés à la quantité de SO2, NO2 et NOx.

Les polluants sont responsables d’une dégradation de l’exine qui conduit à la libération des substances polliniques dont les allergènes. Ils sont donc responsables d’une fragilité des pollens d’où une libération de petites particules inférieures à 2,5µ.

Comme les saisons sont plus longues, on estime qu’en 2050 il y aura plus de 4 fois de pollen de Ragweed.

Elle prêche pour une lutte contre la pollution qui va inévitablement conduire à une aggravation de l’allergie aux pollens.

Aero-allergens contributing to gut inflammation

Valérie Verhasselt, France

Cette chercheuse rappelle que Der p 1 est une cystéine protéase, alors Der p 3 et 6 sont des sérines protéases.

On savait déjà que Der p 1 agit au niveau de la muqueuse respiratoire en augmentant la perméabilité, elle a voulu le démontrer pour la muqueuse intestinale.

Ceci a été démontré par des biopsies chez des sujets allergiques ou non à Der p 1.

De là , elle évoque une possible action de Der p 1 dans le syndrome d’intestin irritable.

Par ailleurs, chez la souris, elle démontre qu’il y a une survie à la digestion de Der p 1.

Elle évoque une possible sensibilisation à Der p 1 induite au niveau intestinal, en particulier chez le nourrisson qui peut en absorber par contamination de ses aliments et induire ainsi une sensibilisation précoce.


Plenary session “ Wrapping in immunotherapy”

Immunothérapie en allergie alimentaire

Désensibilisation par voie orale

Résultats disponibles surtout pour l’arachide.

Elle est bien tolérée (98% de 18000 doses administrées, un seul cas de réaction anaphylactique, OAS essentiellement, pas d’utilisation de l’adrénaline) mais il existe des problèmes quant à la maintenance du traitement ; plus de 50% d’arrêt ; après 3 ans seulement 11 % font encore le traitement de désensibilisation.

Des comparaisons SLIT/Placebo et administration orale/Placebo ont été effectuées :
 augmentation des doses possible dans les 2 groupes mais on atteint des doses tolérées plus élevées avec l’administration orale par rapport à la SLIT, avec cependant plus d’effets secondaires.

Pour augmenter la tolérance, on a essayé un traitement associé par anti-IgE. Les résultats publiés pour le lait (Wood, JACI 2016 essai randomisé) montrent un gain très significatif pour les effets secondaires (2% versus 16%) mais pas de gain quant à l’efficacité et à la durée du maintien de la tolérance.

Voie épicutanée

L’étude Viaskin est actuellement en phase 3 avec 225 patients entre 4 et 11 ans : résultats non encore publiés

Voie par injection sous cutanées : abandonnée en raison des effets secondaires ; il n’est pas impossible qu’on y revienne avec des allergènes modifiés.

Voie rectale publiée en 2013(JACI, Wood) : 10 cas avec 5/10 réactions secondaires

Conclusions :

On dispose surtout d’une expérience pour l’arachide.

L’administration par voie orale a la préférence (SLIT). L’association avec un prétraitement aux anti-IgE permet d’augmenter les doses.

Ne pas oublier que cette technique ne doit pas être effectuée en routine mais dans le cadre de protocoles, voir les recommandations de l’EAACI publiés en 2014.

L’auteur insiste sur la nécessité de faire au départ un diagnostic par CRD (arachide, noix..)

Désensibilisation versus induction de tolérance(Shreffler)

L’auteur distingue différents types de rémissions après ces traitement.

Ainsi les désensibilisations aux médicaments sont rapides mais transitoires, idem pour le rush.

Au cours d’études récentes réalisées dans l’immunothérapie orale et la SLIT pour l’arachide, on voit une rapide diminution de la réactivité des basophiles, une régression des marqueurs d’activité sur les cellules dendritiques (Gorelick 2015 JACI) mais ces modifications apparaissent certes rapidement mais sont transitoires (régression à l’arrêt du traitement, voir en cours de traitement), variabilité interindividuelle mais ce qu’il faut retenir c’est le caractère temporaire de ces modifications.

La désensibilisation adaptive (sur plusieurs mois) implique quant à elle, les cellules T et semble efficace sur une plus longue durée.

Nouveaux biomarqueurs dans l’immunothérapie (Shamji)

L’auteur cite en premier un travail publié en 2016 (JACI) par l’équipe de P.Moingeon, suite à une publication antérieure qui avait défini un marqueur sur les cellules dendritiques C1 Q comme étant associé à une amélioration clinique lors de la désensibilisation.

Dans cette étude, une combinaison de 5 marqueurs exprimés par les cellules dendritiques (C1Q, CD 141) ou les lymphocytes (FcgammaRIIIA,GATA 3, RIPK4) dans le sang périphérique permettrait de détecter l’efficacité de la désensibilisation dès le deuxième mois de sa mise en route.

Par ailleurs, on retrouve une réduction des cellules lymphocytaires IL C2 (qui sécrètent l’Il 5 et l’Il 13) avec une suppression des médiateurs allergiques au niveau local, ainsi qu’une réduction des cytokines Th 2.

Il existe
 une suppression de la réactivité des basophiles et diminution de l’histamino-libération.
 Induction au niveau local et périphérique d’IgG 4 à activité fonctionnelle.


Aspects immunologiques de l’allergie alimentaire(séance de communications orales)

Plusieurs communications nous font entrevoir les complexités de l’allergie alimentaire :
-particularités au niveau de la muqueuse buccale, présenté par une équipe espagnole, chez 20 patients ayant un syndrome oral pollens/aliments de gravité faible(1) ou forte(2) ainsi que chez des témoins(3) chez lesquels on réalise des TPO à la profiline ainsi que des biopsies de la muqueuse buccale.

Résultats :dans le groupe (2) perte de l’intégrité des tight junctions, nombre de cellules de Langerhans et de cellules T CD 3 augmenté (ces anomalies sont présentes avant le TPO) par ailleurs sensibilité des basophiles très augmentée (EC 50 : 300 fois plus bas pour le groupe 2 par rapport au groupe 1), et des mastocytes plus proches de l’épithélium.

Ce travail confirme l’importance de la réaction locale dans le degré d’intensité d’un OAS ; explication possible également pour la variabilité des réactions locales observées dans la désensibilisation sublinguale.

-Rôle des ligants lipidiques dans l’allergénicité de certains allergènes alimentaires :Sin a 2 (moutarde), Ara h 1(arachide) tous les deux des protéines de stockage, 11 s et 7 s globulines respectivement.

Les auteurs démontrent qu’expérimentalement ces 2 allergènes peuvent interagir avec les microparticules lipidiques de phophatidyl glycérol ce qui peut augmenter l’allergénicité de ces protéines.

-Rôle d’un recombinant Lactobacillus exprimant TGF beta ou l’Il 10 : L’équipe française de Gif sur Yvette a étudié dans un modèle de souris sensibilisé à l’arachide l’effet de l’administration de ce bacille modifié.

Ils démontrent l’induction d’une tolérance avec apparition de cellules T reg au niveau des plaques de Peyer ainsi qu’un renforcement de la barrière intestinale. A quand l’administration de ce Lactobacillus modifié chez l’homme ?

-Rôle d’un gène impliqué dans l’intégrité de la barrière épithéliale chez des enfants ayant une allergie alimentaire prouvée par TPO.

Etude de l’incidence du gène SPKIN5 (sérine protéase kazal type 5) ainsi que de 2 variants chez 367 allergiques, 199 sensibilisés tolérants, 156 non allergiques.

Les auteurs mettent en évidence une fréquence plus élevée d’un variant de ce gène chez les allergiques (OR=2,42) par rapport aux tolérants. Ce gène n’était pas associé à l’eczéma mais on notait une augmentation de la TEWL (trans epithélium waterloss) signant une anomalie de la barrière cutanée.

-Etude de l’activation des basophiles (BAT) dans l’allergie alimentaire par cytométrie de flux.

Ce test est sensé mieux différencier les allergiques et les tolérants. Les auteurs rajoutent à l’évaluation du test par l’activation des marqueurs CD 63 et CD 203C, l’évaluation de la phosphorilation dans le temps de différentes protéines.

Ils constatent que la mesure de ERK ½ à 1 min, de p38 à 3min, d’ALK à 5 min reflètent mieux l’activation IgE médiée.

Un pas vers un test fiable pour distinguer allergiques vrais de ceux qui sont sensibilisés mais tolérants ?

-Prévention de l’allergie au lait par administration précoce de peptides dérivés de la béta-lactoglobuline et de symbiotiques (oligosaccharides + bactéries).

Travail hollandais purement expérimental mené chez la souris ou les souris sont préexposées à un mix de petits peptides de la betalactoglobuline, puis sensibilisés et traités par symbiotiques.

L’allergie au lait est mesurée par les tests cutanés et des provocations orales.

On constate chez les souris avec diminution des tests cutanés une réduction des symptômes anaphylactiques lors des challenges ainsi qu’une restitution de la balance Th1/Th2 au niveau intestinal.

Serait ce une façon d’accroître la tolérance induite par l’administration des peptides hydrolysés ?


The future of allergen extracts

La législation européenne est- t- elle en train de tuer le diagnostic allergologique ?

(Zuberbier)

Les extraits allergéniques sont maintenant assimilés à des médicaments.

Situation conflictuelle : ainsi l’utilisation des médicaments en tests cutanés n’est pas conforme, les aliments non plus ; chaque malade peut amener son produit personnel lequel ne doit pas être utilisé pour le malade suivant !

Certains extraits allergéniques ne sont pas enregistrés dans divers pays (ex ; le cyprès et l’olivier en Allemagne).

Le coût de production pour un seul allergène est élevé, 380000 Euros, auquel il faut ajouter les frais d’enregistrement variables selon les pays (entre 7 et 37000 E)

Les allergènes rares devraient avoir un coût de 1500 Euros/flacon pour amortir les frais !!

Ceux dont l’utilisation est relativement fréquente 60 E/flacon.

Il faut une intervention politique pour remédier à cet état de fait.

L’EMA devrait faire des propositions d’ici l’automne.

Sur le plan pratique l’auteur conseille aux allergologues de ne rien modifier dans leur pratique quant à l’utilisation des tests réalistes aux aliments, d’expliquer aux patients, d’écrire aux autorités de santé.

Compare the Europeen and the US situations

(T.Platts-Mills)

T.PM commence son exposé par quelques diatribes humoristiques qui lui sont familières : en Europe vous n’avez pas d’Union, nous si ! Non l’allergologie moléculaire n’a pas son berceau à Vienne mais aux USA ; et il n’a pas tort.. c’est King et David Marsh qui les premiers dans le milieu des années 60 ont découvert l’allergène majeur de l’ambroisie et des graminées.

Il refait un historique, rappelant les premières standardisations des allergènes par les tests cutanés effectuées par Turkelbaum. L’interdiction de l’utilisation des allergoides aux USA dans les années 70 a fait vendre ce produit aux laboratoires allemands.

Aux USA à l’heure actuelle on dispose de 300 extraits non standardisés dont certains n’inhibent pas le CAP correspondant, ce qui amène à se poser des questions..

Il en est ainsi pour l’extrait de Cladosporium.

Jusqu’à présent il a été très difficile d’obtenir qu’un nouvel allergène reçoive une licence et pourtant de nouvelles allergies apparaissent : par exemple la coccinelle importée de Chine.

T.Platts- Mills espère que la nouvelle organisation de la FDA la rendra plus souple…


Compte-rendu réalisé grâce au soutien du laboratoire

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