GERDA 2006 - Toulouse - Progrès en dermato-allergologie

vendredi 22 septembre 2006 par Philippe Auriol27695 visites

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GERDA 2006 - Toulouse - Progrès en dermato-allergologie

GERDA 2006 - Toulouse - Progrès en dermato-allergologie

vendredi 22 septembre 2006, par Philippe Auriol

C’est sous un soleil radieux et avec une température de près de 30°C que ces journées Toulousaines du Gerda se déroulent. L’audience est au rendez vous avec 500 personnes attendues et plus de 550 inscriptions finalement reçues. Il faut dire que la réputation de qualité du Gerda assure à ce que Françoise Giordanno-Labadie qualifiera de « Vieille dame » une audience régulière et un public studieux. Comme chaque année, nous pouvons constater avec plaisir que la spécialité médicale qui y est la mieux représentée est logiquement celle des allergologues. La première journée aborde la dermato-pédiatrie tandis que la 2e journée est plus particulièrement consacrée aux pathologies liées à l’usage des produits de nettoyage. Le réseau d’allergo-vigilance (REVIDAL) fait également part de ses résultats pour l’année 2006 avec particulièrement le retrait de la vitamine K1 des cosmétiques.

Gerda jeudi 21 septembre 2006

Cette journée de Jeudi est consacrée à la Dermato-Pédiatrie, domaine d’excellence de l’école Toulousaine et de son hôte le Dr F. Giordanno-Labadie. C’est aussi l’occasion pour le nouveau responsable de la dermatologie Toulousaine, le Pr Carl Paul, de venir se présenter au milieu de ses pairs.

Dermato-pédiatrie en 2006

Les dermatites de contact chez l’enfant : une réalité

par An Goosens

Considérées rares jusque dans les années 80 du fait de l’absence de réalisation de patchs-tests chez l’enfant et d’un a priori en faveur des dermatites « atopique » ou « séborrhéique », les dermatites de contact de l’enfant sont une réalité qui doit être désormais explorée.

Dans une population non sélectionnée la fréquence de sensibilisation est de 10 à 25% des enfants testés.

Chez l’enfant, il y a plus d’allergie de contact au fur et à mesure que l’âge augmente, mais également s’il existe une prédisposition génétique, les filles sont plus sensibilisés que les garçons (rôle hormonal ?), et il existe des différences selon l’origine (habitat). La présence d’une atopie est source de controverse et nous y reviendrons plus loin.

Quelle batterie faire ? la batterie adulte standard ou une batterie spécifique ? Ce point sera abordé plus tard. Il faut toutefois parfois tester avec des concentrations inférieures les cas douteux et s’assurer de l’efficacité de l’éviction de l’allergène pour pouvoir affirmer la pertinence du diagnostic.

Les sources allergèniques spécifiques de l’enfant sont :

  • Jeune :
    • objets à sucer,
    • couches,
    • vaccins avec l’aluminium,
    • les topiques utilisés (crèmes émolientes ++)
  • Plus agés :
    • bijoux,
    • cosmétiques,
    • topique,
    • produits de loisir.(ballons, tenues de sport etc.)

Les causes :

  • Métaux
    • Le nickel : le piercing et l’atopie sont des facteurs de risque qui semblent importants dans l’allergie au nickel chez la fille. L’appareil dentaire peut induire une tolérance au nickel s’il est en place avant ( en premier contact) le piercing mais il est plutôt déconseillé s’il y a une sensibilisation au nickel antérieure aux soins d’orthodontie.
    • Le cobalt : objets métalliques mais aussi en plastique.
    • Le palladium donne de plus en plus de réaction et est un allergène croisé du nickel avec formations de granulomes allergiques. Or les bijoux sans nickel sont parfois des bijooux avec palladium : cela ne résoud donc pas le problème.
    • L’aluminium : dans les vaccins, dans des produits de désensibilisation injectables (sauf le Phostal de Stallergènes), déodorant, gouttes auriculaires, dentifrice. Il donne facilement des nodules sous cutanés prurigineux. Les « Finn chamber » utilisés pour les patchs tests sont en Aluminium et peuvent en être parfois le témoin.
    • Fer et cuivre sont rarement rapportés.
    • Les mercuriels : antiseptiques, tatouages, vaccins, thermomètres sous la forme parfois du Thimérosal. (réaction photo allergique croisée avec les piroxicam).
  • Jouets (métaux, colles, colorants, conservateurs), tatouages temporaires (PPD) avec des conséquences majeurs vestimentaires à la clef (plus de port de vêtements teints avec des colorants azoïques).
  • Cosmétiques : sensibilisations aux lingtettes (souvent très riches en allergènes) mais qui touche plutôt les mains des mamans.
  • Produits pharmaceutiques : principe actif, vaccins, sparadraps. Réactions systémiques avec les antibiotiques, les corticostéroïdes, le thimérosal et le piroxicam.
  • Chaussures et vêtements : chromates, colles, caoutchoucs. Attention : les produits topiques persistent dans les chaussures et miment parfois une allergie de contact aux constituants de la chaussure. Les colorants textiles donnent des réactions plutôt sur les plis du corps ou le visage. Les plus fréquents sont le jaune et l’orange en colorants dispersés (chez l’adulte c’est le bleu dispersé).
  • Autres : les couches (caoutchoucs), les attelles orthopédiques, les tenues de sport (néoprène), les plantes (Gingko Biloba en « jeu de bille » en France, les astéracées, les lichens, et les extraits de plantes dans les topiques...).

Allergie de contact et dermatite atopique de l’enfant

par Françoise Giordanno-Labadie

C’est un éternel sujet de polémique : l’enfant qui souffre de dermatite atopique (DA) a t il plus ou moins de chances que le sujet « normal » de développer une dermatite de contact allergique (DCA) ?

  • Contre : dysrégulation de l’atopique vers le type Th2 et pas Th1.
  • Pour : altération de l’épiderme, exposition à des topiques multiples

Actuellement : l’atopique semble avoir autant de « chances » qu’un non atopique de faire un eczéma de contact.

DCA & enfant : elles sont estimées à 20% des dermatites de l’enfant aujourd’hui. La recherche d’une DCA fait partie de l’exploration nécessaire d’une dermatite atopique. Les dermatologues et allergologues le cherchent souvent, les pédiatres et généralistes rarement.

Les chiffres de sensibilisation sont actuellement de 30 à 37% de taux de sensibilisation à l’âge de 8 ans.

Les allergènes les plus fréquents (sur 284 enfants testés) :

  • Métaux : nickel 5,9%, chrome 1,9%, cobalt 0,8%, mercapto-mix 0,4%
  • Parfums : fragrances mix (4,3%) et baume du pérou (1,2%),
  • La lanoline 4,3%,
  • La néomycine encore à 1,2%,
  • Les émollients (2,3%).
  • IPPD 0,8%
  • Lactones sesquiterpèniques 0,4%
  • Résines epoxy 0,4%
  • Benzocaïne 0,4%
  • Formaldéhyde (formol) 0,4%

Plus l’enfant est âgé plus le risque de sensibilisation est important.

Quelle est l’indication des tests épicutanés ?

  • Si l’eczéma est sur une zone inhabituelle (siège, paume, plante) ou qui ne répondent pas correctement au traitement.
  • Autres circonstances : asymétrie des lésions de DA, évolution différente des lésions, région ombilico-publienne, zone péribuccale.

Il n’y a pas de limite d’âge pour effectuer des tests épicutanés : c’est l’évolution clinique qui motive les examens et non l’âge.

A priori les concentrations à utiliser sont les mêmes que chez l’adulte (ce point est discuté plus loin). Les produits à tester sont les mêmes que l’adulte (batterie standard) auxquels il faut ajouter les émollients utilisés et éventuellement d’autres en fonction des pistes diagnostique. Malheureusement, le dos de l’enfant est bien petit pour tous ces tests : une batterie enfant est souhaitable à réaliser dans le futur selon l’âge (cf prochain exposé).

À la lecture, il faudra se méfier d’une éventuelle majoration des risques de réactions irritatives (pour les métaux surtout avec des lésions pustuleuses en particulier ou purpuriques sur le cobalt).

La batterie standard de l’enfant

par Martine Vigan

Plusieurs concepts à cet égard dont deux que nous retenons :
 Ils servent au dépistage des « trous de l’interrogatoire »
 La batterie d’allergènes à utiliser est celles des substances ayant plus de 1% de sensibilisation (dominante).

L’enfant manipule plus de choses qu’on ne le pense et les personnes contact lui amènent d’autres produits au contact auxquels on ne pense pas vraiment de prime abord.

Depuis 1994 à Besançon, la question de la batterie infantile se pose. En 2000 une première batterie a été proposée et modifiée cette année suite à une étude prospective sur plus de 800 enfants (recueil d’avril 2000 à 2003).

L’utilité de tous les allergènes de la batterie standard n’est peut-être pas certaine car certains éléments semblent revenir systématiquement négatifs chez l’enfant.

D’autres, la PPD, sont peut-être inducteurs de sensibilisations actives (c’est l’opinion des dermatologues Allemands en opposition avec leurs collègues Européens car le dosage actuellement utilisé limite fortement ce risque) et il faudrait peut-être la supprimer en dépistage comme en Allemagne mais à l’encontre de cette opinion : la positivité pertinente de ce test est fréquente chez l’enfant : beaucoup d’enfants se sensibilisent avec les tatouages temporaires qui contiennent parfois jusqu’à 25% de PPD.

La concentration des métaux utilisé chez l’adulte est peut-être un peu irritante pour les enfants de moins de trois ans. Solution : diminuer la concentration ? Difficile... ROAT ? les parents ne reviennent pas, des tests semi-ouvert ? moins sensible mais moins irritant. La question n’est pas tranchée la non plus.

Une batterie d’avant trois ans est donc possible :

Allergène Type de test
Nickel Sulfate à 5% patch ou open test
Di chromate de potassium à 0,5% patch ou open test
Lanoline à 30% patch
Fragrance mix 8% patch ou open test
Colophonium 20% patch
Baume du pérou 25% patch
Parabens 16% patch
Néomycine 20% patch
Mercaptobenzothiazole 2% patch
Thiuram mix 1% patch

Après 5 ans, il faut y adjoindre impérativement :

Allergène Type de test
Résines BTPF patch
PPD free base 1% patch
Formaldéhyde 1% (eau) patch

Et bien sûr, on y adjoindra les éléments spécifiques issus de l’interrogatoire.

Urticaires de l’enfant : du quotidien à l’exceptionnel

par Evelyne Collet

15 à 20% des enfants feront une urticaire avant la puberté. Le problème des études publiées est que ce sont des malades recrutés à l’hôpital et les différents types d’urticaires y sont mêlés. La conférence de consensus de 2003 n’a pas résolu le bilan à faire et n’a pas été très suivie car elle ne satisfait pas au besoin réel des praticiens.

Il existe des formes particulières sortant de la lésion maculo papuleuse fugace classique :

  • Angio-œdème (face extrêmités)
  • Aspect annulaire hémorragique (pseudo cocardes)
  • Prurit inconstant
  • Fièvre, signes respiratoires, arthrite

Avec des diagnostics différentiels à ne pas négliger :

  • Erytheme polymorphe
  • Oedeme aigü hémorragique
  • Mastocytose
  • Lupus néonatal
  • Syndrome de Silverman

Alors, que rechercher devant une urticaire de l’enfant ?

  • Infections & médicaments :
    • Étiologie virale dans 79% des formes aigues avec 58% de prises médicamenteuses.
      • Virus : adenovirus, VRS, rotavirus, entreovirus etc.).
      • Médicaments : amoxycilline ++ et antipyrétiques (apparation J2 à J10).
  • Urticaire chronique :
    • foyers infectieux avec une fréquence de 2 à 55% et donc un problème de pertinence.
      • Giardiases ?
      • Helminthisaes ?
      • Toxocara canis ?
  • Urticaires alimentaires :
    • Aigue :
      • allergie alimentaire avec troubles digestifs, manifestations d’anaphylaxie.
      • Fausses allergies alimentaires et le rôle éventuel des additifs, des colorants.
  • Le reste :
    • physiques ou systémiques vis à vis desquelles il est utile de faire des recherche de cryoglobulinémie, l’hépatite B etc.

Exceptionnellement, cela peut correspondre à :

  • Fièvres intermittentes héréditaires (maladie périodique, TRAPS, syndrome hyperIgD, syndrome de Muckl Wells, syndrome CINCA, etc. qui se compliquent parfois d’une amylose dont les conséquences sont graves.)
  • Syndrome de Gleish
  • Une maladie de Still

Toutefois, comme chez l’adulte, 30% des urticaires chroniques sont dites « idiopathiques » chez l’enfant.

Allergie Alimentaire et dermatite atopique : comment se passer du test de provocation orale ?

par Fabienne Rancé

Si un aliment est suspecté d’être la cause d’un eczéma atopique, faut il réaliser un test de provocation oral (TPO) ?
La réponse est sans aucun doute : Oui, il faut un TPO pour prouver qu’une allergie alimentaire est en cause dans un eczéma atopique pur.

Discutons pour vous en convaincre :

  • La prévalence de l’eczéma augmente alors que celle de l’asthme ou des rhinites est désormais stable. Il existe donc une évolution différente de ces maladies.
  • Évaluation de l’allergie alimentaire (AA) dans la dermatite atopique (DA) : si une allergie immédiate est associée il n’y pas de besoin de TPO (40% des DA sévères) mais sinon il faut un TPO (2% des DA) pour prouver le rôle de l’aliment dans la phase retardée de cet eczéma.

Alors pourquoi éviter le TPO ?

  • Il est long,
  • Il est coûteux,
  • Il est contraignant
  • Il est dangereux (Rancé 0,5% choc anaphylactique et 12% d’asthme aigü).

Quand le discuter ?

  • Dermatite atopique aigüe avec un test cutané (TC) positif immédiat -> pas de TPO
  • Dermatite atopique chronique mais avec un test cutané négatif -> éviction/réintroduction de l’aliment et si cela n’est pas concluant, il faudra faire un TPO
  • Les courbes de seuil à IgE peuvent aider à éviter un TPO mais elles sont encore peu nombreuses (œuf/arachide)
  • Doit on passer par une triple combinaison : TC + IgE spécifique + atopy patchs tests ? non, deux suffisent, le 3e n’apporte rien de plus apparemment en terme de probabilité.

Quand ne pas faire de TPO ?

  • Quand le jeune âge de l’enfant le contre-indique
  • Lors d’une poussée de dermatite atopique
  • En cas d’antécédents de choc anaphylactique ou d’asthme non équilibré,
  • En cas de traitement bêta-bloquant ou d’IEC,
  • En période pollinique pour les aliments croisés,
  • En cas de consentement familial non obtenu.

En cas d’eczéma atopique et de doute sur un aliment, il est indispensable de réaliser un TPO.


Gerda - vendredi 22 septembre 2006

Toxicité générale des produits de nettoyage

par Jean-Marc Soulat

Les produits de nettoyage sont des produits très hétérogènes avec une classification proposée par le Gerda en 1998 en antiseptiques, détergents, savons, solvants organiques avec toutefois une constante : ils sont un danger d’irritation cutanée permanente.

  • Détergents et savons : ce sont des produits moussants contenant de l’eau et des tensio-actifs (4 classes différentes) et des additifs. Ils donnent des atteintes cutanées, muqueuses, pulmonaires ; irritatives surtout mais parfois avec des atteintes profondes : oesophagiennes, pulmonaires voire de nécrose hépatique (cas des ammonium quaternaire) ou une acidose métabolique. Des hypotensions par overdose d’ammonium quaternaire ont également été décrites, de même que des hémolyses ou des methémoglobinémies lors d’actes chirugicaux.
  • Solvants organiques, particulièrement chlorés : Ils permettent la dispersion des substances non hydrosolubles (dégraissage, nettoyage à sec etc.). Les principales substances utilisées sont le tétrachlorobenzène, le monochlorobenzène, le chlorure de méthylène, le trichloroéthylène et l’alpha chlorotoluène.
    • Peu irritant mais asséchant pour la peau
    • Néphrotoxique à forte dose
    • Responsables du syndrome psycho-organique : syndrome pseudo ébrieux, troubles de la mémoire, trouble de la vision des couleurs puis atteintes neurologiques plus graves (épilepsie, voire démence).
    • Cas particulier du syndrome d’intolérance aux odeurs fortes qui apparaît après plusieurs années d’exposition à ces substances et avec en séquelle, une intolérance aux odeurs chimiques fortes.
    • Autres atteintes : hépatiques (élévation des transaminases) ; le tricholoréthylène donne des atteintes cardiaques possibles. Cancérogénicité possible sur tous (classes 2A et 2B) (tricholoréthylène et cancer du rein ?). Toxicité certaine sur la reproduction : infertilité de l’homme, fausses couches, hypotrophie, malformations etc.
  • Ethers de glycol une quarantaine de composés, incolores, peu volatils. 3,4% des employés y sont toutefois exposés.
    • Aigue :
      • Peu irritants et non sensibilisants
      • Les projections sont sans gravité
      • Les vapeurs peuvent entraîner des irritations muqueuses
    • Chronique :
      • Dermite sèche
      • Pas de sensibilisation
      • Effets sur la moëlle osseuse et sur la reproduction : 4 substances sont actuellement interdites. On observe plus de cytopénie centrale que de cytolyse. La cancérogénicité se limite au testicule, aux leucémies aigues et à l’estomac mais en association avec d’autres produits.

L’irritation cutanée est surtout liée aux caractéristiques chimiques de la molécule, à sa concentration, à son pH.

Les alcools, les phénols (lipophiles) dessèchent la peau. Les tensio-actifs font de même après une utilisation soit inadaptée soit trop fréquente. Les adjuvants ou excipients peuvent en majorer les propriétés.

Des solvants aminophiles font l’objet d’une surveillance rapprochée depuis quelques années : utilisés dans les produits domestiques, ils pourraient être source de troubles de la fertilité et de la reproduction.

Globalement, la toxicité ou carcinogenèse de ces produits est plus étudiée que l’allergénicité.

Nettoyage et mauvais gestes professionnels

par Marie-Bernadette Cleenewerck

Nettoyer consiste selon Messing à « épousseter, laver et polir des surfaces et des purs, à éponger, balayer et faire briller les sols ainsi qu’à évacuer les déchets et les eaux usées ». Ce métier est passé de l’artisanat à l’ère industrielle sur les vingt dernières années avec des domaines de compétences variés et spécialisés.

Voyons différentes situations et les risques encourus par de mauvais gestes.

  • Manipulation des produits nettoyants :
    • Ne pas siphonner
    • Ne pas porter les mains souillées au visage
    • Ne pas « respirer » les produits pour les identifier
    • Lire les informations sur l’étiquette et se protéger de manière conforme à l’étiquetage.
    • Diluer convenablement les produits
    • Ne pas mélanger les produits (acide/base et réaction thermique)
    • Ne pas transvaser dans des récipients alimentaires
    • Ventiler les espaces de stockage
  • Au décours du nettoyage
    • L’essorage des serpillières ne se fait pas à main nue
    • Il ne faut pas porter de bijoux pendant les opérations de nettoyage
    • Le port de gants adaptés est nécessaire mais leur port ne doit pas être excessivement prolongé
  • Sols, murs
    • Changer l’eau des seaux régulièrement (toutes les trois pièces environ)
  • Bureaux
    • L’aération des locaux doit être prévue durant toute la durée du travail.
  • Vitres
    • Ce sont des produits à forte pénétration cutanée ou respiratoire et à toxicité générale : masque et tenue de travail complètes sont indispensables.
  • Éviers
    • Produits très corrosifs, le port de lunettes, de gants PVC à manchettes longues est conseillé.
    • Attention aux dégagements ou aux brûlures chimiques avec les détartrages

De fait, dès la conception des locaux, la prise en compte des travaux de nettoyage devrait être envisagée. Les salariés doivent être éduqués et la lutte contre les mauvais gestes professionnels constante.

Dermatoses liées aux produits de nettoyage

par Christian Géraut

Aspects cliniques

  • 75% de femmes
  • Âges de 21 à 40 ans
  • Dermatites inflammatoires non spécifiques (ou dermite d’irritation) essentiellement.
  • Résistance individuelle variable majeure
  • Irritants puissants mais parfois sensibilisants également à rechercher si :
    • Vésiculeux
    • Caractère émietté
    • Résistance aux mesures préventives
    • Guérison tardive
  • Troubles trophiques des ongles
  • Brûlures chimiques
  • Urticaires de contact surtout avec le chlorure de methylène ou des antiseptiques (chlorexidine et chloramine).

Produits utilisés, ils sont classables en 3 catégories :

  • Irritant caustique
    • Les acides : phosphoriques, chlorhydrique, nitrique, sulfurique, citrique, acétique etc.
    • Les bases : hydroxyde de sodium ou de potassium, des produits à base d’ammoniaque
    • Les solvants : Ils dissolvent le film lipidique des substances à nettoyer et de l’épiderme. Exemples : manugel, clinogel, sterilium => seules, modérément et avec modération ça passe mais l’ajout des autres produits pose des problèmes de tolérance.
  • Irritant potentiellement allergisant : principalement les tensio-actifs qui sont la première source de sensibilisation.
    • Ammonium quaternaires (produits Anios) avec souvent des dermatites mixtes. (chlorure de benzalkonium, cétalkonium etc.)
    • Anioniques : parfois sensibilisant aussi et contenant des alkoarylsukfonates.
    • Amphotères : à la fois détergents et antiseptiques.
    • Non ioniques : peu irritants, ce sont des condensats d’oxyde d’éthylène sur alcools gras ou alkylphénols, de cocamides, de lauramides, de nonxynols.
  • Essentiellement allergisants :
    • dérivés phénoliques
    • aldéhydes : formol et glutaraldéhyde
    • parfums : fragrances et baume du pérou
    • métaux : nickel et cobalt (acquis dans les lieux de stockage)
    • dérivés de la coco dans les détergents amphotères anioniques et anti anioniques
    • conservateurs
    • antiseptiques chlorhexidine
    • lanoline ou colophane

Profession :

  • Un utilisateur sur deux n’est pas un professionnel du nettoyage.
  • Il existe plus de 300.000 professionnels du nettoyage et c’est un secteur très concurrentiel avec des horaires de travail décalés, des contraintes de temps, une formation professionnelle faible avec un niveau d’alphabétisation insuffisant, avec des produits imposés et des mesures de prévention peu existantes.

Prévention, protection, réparation dans les métiers du nettoyage

par Gilbert Jelen

Ce métier en pleine expansion a des problèmes de gestion de la sécurité. Il représente plus de 15.000 entreprises en France avec plus de 385.000 employés dont les 2/3 ont moins de dix salariés.

Conditions socio-professionnelles des employés :

  • sex ratio 67% de femmes,
  • 40-44 ans
  • non-français (origine Africaine ++),
  • contrats à durée indéterminé,
  • stabilité dans l’emploi de dix ans en moyenne.

Responsabilité : employeur, médecin, salarié, CHSCT

  • Employeur :
    • fournit le matériel adapté,
    • forme ses salariés.
  • médecin :
    • constate les pathologies. 17% en 1995 de dermite.
  • salarié :
    • port des protections
    • suivi des formations

Les dermatites de contact y sont essentiellement irritatives.

Mesures de prévention

  • gants
  • lunettes
  • aération
  • nettoyage : élimination des contaminations par le détergent.

Une des solutions au problème du lavage avec le balai dit « Faubert » est le « lavage à plat » qui permet l’usage d’une gaze par pièce, évite le trempage dans un liquide contaminé et sèche plus vite.

relais pris par Frimat

La lutte contre « le microbe » est devenue une priorité.

La prévention collective passe par la connaissance des produits, l’étude du poste de travail et l’éducation au nettoyage.

La surveillance de l’environnement de travail devient une nécessité avec peut-être des dosages de toxique du milieu aérien.

Les crèmes : elles s’améliorent de plus en plus mais ne sont pas des gants. Elles protègent des irritants mais sont peu efficaces sur l’allergie.

Ce sont des émulsions de fortes viscosités nécessitant une application toutes les 3 heures. Les crèmes très grasses entraînent tout de même une protection relative vis-à-vis des irritants.

Les gants : adaptés aux risques avec un pictogramme indicatif. Préférer le vinyl ou le nitryl plutôt que les gants en latex. Les gants vitonTM, Butyl ou Neoprene sont les meilleurs protecteurs vis-à-vis des solvants.

Les vêtements : ils doivent rester compatibles avec la tâche autorisée. C’est l’utilisation correcte des vêtements et leur entretien qui est particulièrement importante. Il y a six types de vêtements selon le risque d’exposition.

Il existe un programme d’éducation proposé par Agner & Held à inculquer systématiquement :

  • Lavage à l’eau tiède
  • Utiliser des gants lors de travaux en milieu humide mais le moins longtemps possible, en les ayant gardés propres et secs à l’intérieur et avec le port de sous gants en coton en dessous si le port est de plus de dix minutes.
  • Usage d’émolients gras avant et après le travail (sans parfums et avec les conservateurs les moins allergisants) en insistant sur les espaces interdigitaux, les pulpes et le dos des mains.
  • Éviter les bagues au travail
  • Étendre ces mesures aux tâches domestiques et porter des gants chauds de protection contre le froid en hiver.

à nouveau par Gilbert Jelen

En France, il existe un système de réparation lié aux accidents professionnels. Le tableau des maladies professionnelles (43 et 65 surtout mais parfois 49 ou 84) dispensait l’assuré de prouver le lien mais, du coup, ce système est restrictif et peu évolutif.

L’Europe propose l’article L 461-1 qui permet désormais la prise en charge à condition d’amener la preuve du lien direct avec le travail habituel de la victime. Le comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles établi le lien direct des dossiers présentés. Il semblerait logique d’ouvrir plus facilement des dossiers d’accident du travail en cas de projection quitte à les refermer rapidement après en raison du caractère irritatif (hors tableau 65) des produits manipulés. http://www.inrs.fr/ (maladie professionnelles). http://www.chimie.ineris.fr donne les compositions chimiques des produits utilisés.

Le secteur se développe, les connaissances s’y améliorent mais les mesures de prévention collective sont notablement insuffisantes.

Cosmétiques : peut-on parler de produits toxiques ?

par Jean-Pierre Poitevin

La publication du guide cosmetox de Greenpeace a médiatisé une polémique sur la dangerosité des produits chimiques.

Une directive Européenne (REACH ) qui concerne 30.000 substances chimiques différentes opposant les ONG et certaines entreprises chimiques, dans lesquelles les produits cosmétiques représentent un enjeu pédagogique.

Quelle est la sécurité des produits cosmétiques ?

  • directive Européenne cosmétique de 1976 (7e amendement aujourd’hui)
  • code de la santé publique : transposition nationale.

Ils ne doivent pas nuire à la santé humaine quand ils sont appliqués dans des conditions normales d’utilisation. Tout professionnel de santé notant un effet indésirable grave doit en faire la déclaration sans délai au directeur général de l’AFSSAPS.

Les listes et annexes définissent les produits qui sont restreints en usage, interdits ou autorisés en matière de cosmétiques.

L’Afssaps a des groupes d’études et un système internet d’information.

  • Parabens et cancer : aucune donnée épidémiologique validée. Un suivi de précaution est mis en place mais n’a aucune justification aujourd’hui.
  • Formaldéhyde et cancer : rarement utilisé, uniquement dans les produits rincés de façon ponctuelle. En fait, les cancers existent uniquement sous forme d’inhalation. Actuellement le risque majeur reste l’allergie de contact. La concentration actuellement autorisée de 0,2% pourrait passer à 0,02% par mesure de prudence avec une justification pour le sensibilisation allergique.
  • Des produits sans conservateurs ? oui, ils sont en fait réalisés avec des produits non listés (effet conservateur non reconnu).
  • Aluminium et cancer : sels d’aluminium et de zirconium à 20% maximum dans les produits anti-transpirants. Il est neurotoxique (Alzheimer ?), pourrait avoir un rôle dans le cancer du sein (pas de lien direct prouvé), les mécanismes d’action sont assez vagues (accumulation de toxines, perturbateurs endocriniens). À ce jour il n’existe pas de lien validé entre utilisation d’anti-transpirants et cancer du sein. Des études complémentaires sont en cours pour avoir des données recevables.
  • Ethers de Glycol et reproduction : plus de 80 substances avec leur propre métabolisme et donc toxicité. Certains d’entre eux sont effectivement reprotoxiques. Ces produits sont donc réévalués un par un pour en préciser les limites d’autorisation.

Au final, le cosmétique est vraiment un domaine très réglementé et très surveillé rappelons qu’en terme de toxicité chimique, le tabac fait toujours 60.000 morts par an et reste pourtant en vente libre...

Signaux cosmétiques du REVIDAL

par Anne Pons-Guiraud

Le réseau de vigilance en dermato-allergologie (REVIDAL) permet de répondre à trois besoins :

  • observation
  • s’informer
  • informer

Fonctionnement :

  • Le praticien envoie une information -> le coordinateur la traite et la transmet -> le revidal l’étudie
  • Le revidal reçoit plusieurs signaux sur un type de produit -> il déclenche une vigilance activée auprès de ses membres sur les produits suspects et en cas de besoin crée une alerte auprès de l’Afssaps.

Résultats 2005-2006

  • 183 cas, 84% de femmes, 16% d’hommes

Types de réactions cliniques

  • Localisations :
    • Visage : 152 cas
      • paupières 28 cas
    • mains 18 cas
    • aisselles 12 cas
  • Aspects lésionnel :
    • Eczémas secs surtout,
    • peu d’urticaires
  • Types de produits
    • parfums finis 49
    • crèmes de soins 67
    • produits d’hygiène 15
    • teintures capillaires 22
    • déodorants 7
  • Allergènes reconnus :
    • Connus réactualisés :
      • Parfums : elle montre tout l’intérêt de la nouvelle législation. Le lyral est en tête de liste. Rappelons qu’il est présent à 5% dans le fragrances mix 2.
      • PPD : difficile de ne pas en parler du fait de sa médiatisation. Les teintures capillaires (<6%) en sont la seule autorisation cosmétique. Les tatouages temporaires (illégaux) en contiennent jusqu’à 26%. Les réactions immédiates doivent être testées en open test prudent. Compléter cette PPD positive par une batterie des colorants textiles semble particulièrement intéressant.
      • Lanoline
    • Allergènes confirmés :
      • La vitamine K1 topique : dont les réactions ont amené son interdiction d’usage en cosmétique.
      • méthyldibromoglutaronitrile (MDBGN) qui correspond à 20% de l’euxyl K400 présent dans la batterie standard.
      • cocamidopropylbétaïne, et diméthylaminopropylamine
      • hydrolysats de protéines : de blé, sésame, avoine, soja etc. Ils sont très utilisés. Il faut rechercher les allergies alimentaires correspondantes en cas de positivité.
    • connus affaiblis :
      • méthyl-isothiazolinone, formol et libérateurs de formol
      • parabens : un cas décrit dans un corticoïde
    • émergents :
      • alkyl glucosides : extraits de huiles de palme et de coco, ce sont des tensio actifs anioniques.
      • copolymères dont le 6méthoxy-PEG-17 (crème dépilatoire Veet) mais également PVP eicosène (dans les filtres solaires) et PVP hexadécène (dans les sticks pour lèvre).
      • Chlorphénésine : conservateur jusque là jugé peu sensibilisant, il doit toutefois être surveillé en raison de réactions croisées avec la méphénésine (Décontractyl°).
    • Divers :
      • Monoéthylènediamine dans des teintures capillaires
      • Gallates
      • Métabisulfite de sodium
      • Persulfate d’ammonium
  • Les tests diagnostiques à utiliser sont :
    • patchs tests
    • ROAT
    • open tests
  • La pertinence et l’imputabilité du produit dans le déclenchement de la réaction : il en existe 5 niveaux.
    • très vraisemblable
    • vraisemblable
    • possible
    • douteuse
    • exclue

Un réseau certainement en devenir. Et pour devenir membre de ce réseau le médecin allergologue est invité à prendre contact avec l’intervenante.


Une première journée intéressante qui nous montre l’intérêt d’une exploration complète et adaptée des enfants de manière précoce si l’on veut éviter la chronicisation des pathologies allergiques et les séquelles cutanées et immunitaires. La deuxième journée du gerda nous aura rappelé le caractère irritant des produits de nettoyage tant pour le professionnel que pour le particulier. Ces produits gagnent à être testés en open test avec le produit pur (pour les produits cosmétiques rincés) et dilués à 1% ou à 1 pour mille dans l’eau pour les produits de nettoyage. Il convient de vérifier avant de tester que les produits aient un pH compris entre 3 et 10 sans quoi la peau sera évidemment lésée. Un commentaire intéressant du médecin de Loréal : une teinture appelée « Dédicace » est commercialisée en alternative à la PPD et permet de masquer jusqu’à 60% de cheveux blancs. Les intéréssés apprécieront. Notons que le prochain gerda, en 2007, aura lieu à Paris.

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