Attention aux injections d’adrénaline : les patients visent mal !

mardi 2 mars 2010 par Dr Geneviève DEMONET2052 visites

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Attention aux injections d’adrénaline : les patients visent mal !

Attention aux injections d’adrénaline : les patients visent mal !

mardi 2 mars 2010, par Dr Geneviève DEMONET

Plusieurs études ont souligné la méconnaissance de l’utilisation des stylos auto-injecteurs d’adrénaline mais on s’était peu intéressé jusqu’ici aux injections accidentelles. Une étude menée aux Etats-Unis de 1994 à 2007 met en lumière quelques problèmes…

Injections accidentelles par des auto-injecteurs d’adrénaline signalées de façon volontaire : F. Estelle R. Simons, MDa, Eric S. Edwards, BSb, Edward J. Read Jr., MDcd, Sunday Clark, MPH, ScDe, Erica L. Liebelt, MDf

a Department of Pediatrics and Child Health, Department of Immunology, Faculty of Medicine, University of Manitoba, Winnipeg, Manitoba, Canada

b Department of Pharmacy, Virginia Commonwealth University, Richmond, Va

c Department of Emergency Medicine, Virginia Commonwealth University, Richmond, Va

d Department of Emergency Medicine, McGuire VA Medical Center, Richmond, Va

e Department of Medicine, University of Pittsburgh Medical Center, Pittsburgh, Pa

f Department of Pediatrics and Emergency Medicine, Medical Toxicology Services, University of Alabama School of Medicine, Birmingham, Ala

dans JACI Volume 125, Issue 2, Pages 419-423.e4 (February 2010)

 Contexte :

  • Les systèmes auto-injecteurs d’adrénaline permettent le traitement des patients présentant une anaphylaxie et peuvent leur sauver la vie en attendant leur hospitalisation.

 Objectifs :

  • Déterminer le nombre, les données démographiques, les circonstances associées et le devenir des injections accidentelles avec les auto-injecteurs d’adrénaline.

 Méthodes :

  • Nous avons cherché le signalement de tels incidents par des particuliers et des professionnels de santé dans les données de l’Association Américaine des Centres Anti-poison et de celles du Système d’Information sur la Sécurité et les Effets Secondaires signalés de la Food and Drug Administration.

 Résultats :

  • De 1994 à 2007, 15 190 injections accidentelles par auto-injecteurs d’adrénaline ont été, au total, signalées aux centres anti-poison américains ; 60% d’entre elles l’ont été de 2003 à 2007.
  • Les personnes ayant reçu l’injection par accident avaient un âge médian de 14 ans (intervalle interquartile, 8-35), 55% d’entre elles étaient de sexe féminin et 85% avaient reçu l’injection dans un domicile.
  • La prise en charge était documentée dans seulement 4101 cas (27%), parmi lesquels 53% ont été surveillés sans traitement, 29% ont été traités, 13% n’ont été ni surveillés ni traités et 4% ont refusé le traitement.
  • Par contraste, de 1969 à 2007, on a reporté à Medwatch seulement 105 injections accidentelles d’adrénaline par auto-injecteurs.
  • Quarante pour cent des ces injections sont survenues en essayant de traiter des réactions allergiques.
  • Les blessures entraînant des séquelles permanentes ont été rarement signalées aussi bien aux centres anti-poison américains qu’à Medwatch.

 Conclusion :

  • Le nombre d’injections accidentelles signalées par auto-injecteur d’adrénaline a augmenté tous les ans de 1994 à 2007.
  • Pour prévenir des injections involontaires, il est nécessaire d’améliorer la conception des systèmes auto-injecteurs d’adrénaline, d’accroître la vigilance et l’entraînement des soignants et des utilisateurs tout en accentuant la connaissance du public sur le rôle des auto-injecteurs d’adrénaline dans le traitement d’urgence de l’anaphylaxie.

Une recherche a été menée dans les banques de données des centres anti-poison et de la FDA (MedWatch) sur les incidents rapportés par les particuliers et les professionnels de santé avec les auto-injecteurs d’adrénaline.

De 1994 à 2007, on a signalé aux centres anti-poison 15 190 injections involontaires avec des auto-injecteurs d’adrénaline dont plus de 60% sont survenues entre 2003 et 2007.

Les patients concernés ont été pris en charge sur place pour presque la moitié d’entre eux (44%), 31% ont été adressés à un centre de soins et 23% étaient déjà en route au moment de l’appel au centre antipoison.

Une documentation sur les incidents n’était disponible que dans 4101 cas (27%).

L’injection est survenue lors du traitement d’un épisode d’anaphylaxie (40% des cas), lors d’un entraînement à l’utilisation du système ou de sa manipulation (21%), en voulant jeter le médicament (11%) mais aussi plus rarement en jouant avec (!) ou par accident en mettant la main dans un sac, une trousse…

Une simple surveillance sans traitement a été mise en place dans 53% des cas. Moins de 10% des personnes ont reçu une injection de phentolamine.

Les injections accidentelles étaient le plus souvent faites dans un doigt (76%), plus rarement dans la paume de la main (14%), la jambe ou la cuisse….

De 1969 à 2007, 403 rapports ont été faits à Medwatch (8 avant novembre 1997 et 195 après). Plus d’un tiers des personnes concernées étaient des professionnels de santé. Deux cas de vasoconstriction sévère locale ayant nécessité l’amputation d’un doigt ont été relevés.

Les signalements étant volontaires, les chiffres avancés ici sont certainement très en-dessous de la réalité.

Ils soulignent d’autant plus l’importance d’une vigilance particulière lors de la prescription d’adrénaline. Un entraînement à la manipulation de l’auto-injecteur est indispensable (pour les patients mais aussi les soignants) et doit être renouvelé régulièrement.

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