A vue de nez ou au pif, la qualité de vie est plus mauvaise dans l’asthme.

mercredi 13 novembre 2013 par Dr Philippe Carré452 visites

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A vue de nez ou au pif, la qualité de vie est plus mauvaise dans l’asthme.

A vue de nez ou au pif, la qualité de vie est plus mauvaise dans l’asthme.

mercredi 13 novembre 2013, par Dr Philippe Carré

Dans l’asthme, la rhinosinusite chronique est un facteur prédictif négatif de qualité de vie : résultats de l’étude de surveillance GA2LEN en Suède. : Ek A, Middelveld RJM, Bertilsson H, Bjerg A, Ekerljung L, Malinovschi A, Stjärne P, Larsson K, Dahlén S-E, Janson C. Chronic rhinosinusitis in asthma is a negative predictor of quality of life : results from the Swedish GA2LEN survey.

dans Allergy 2013 ; 68 : 1314–1321.

 Contexte :

  • L’asthme et la rhinosinusite chronique (RSC) altèrent tous les deux la qualité de vie, mais l’impact sur la qualité de vie des deux comorbidités associées est peu connu
  • Le but de cette étude était d’évaluer l’impact de la RSC et d’autres facteurs spécifiques sur la qualité de vie de sujets asthmatiques.

 Méthodes :

  • La cohorte suédoise (17 à 76 ans) était formée de 605 asthmatiques bien caractérisés avec ou sans RSC, 110 avec seulement une RSC, et 226 sujets contrôles, dans le cadre de l’étude de surveillance GA2LEN (Global Allergy and Asthma European Network)
  • Le mini questionnaire sur la qualité de vie dans l’asthme (mAQLQ), le questionnaire de santé européen sur la qualité de vie (EQ-5D), une spirométrie, des prick-tests cutanés (PT), le taux d’oxyde bitrique exhalé (FENO), un test de goût et le débit de pointe inspiratoire nasal ont été utilisés pour l’étude.

 Résultats :

  • Les sujets ayant à la fois un asthme et une RSC avaient des scores de mAQLQ plus bas dans tous les domaines (p<0.001) et une valeur plus basse de l’index EQ-5D et et EQ-5D des voies aériennes supérieures (p<0.001) comparativement à ceux ayant uniquement un asthme
  • Les asthmatiques avec une RSC avaient un VEMS et une CVF par rapport aux valeurs prédites significativement plus bas (88.4 :85.1-91.7 et 99.9 :96.7-103, respectivement), par comparaison à ceux ayant seulement un asthme (91.9 :90.3-93.4 et 104.0 :102.5-105.5 respectivement) p<0.05
  • L’analyse en régression multiple montrait qu’une qualité de vie basse dans l’asthme était associée à l’existence d’une RSC (p<0.0001), d’une fonction pulmonaire plus basse (p=0.008), d’un tabagisme actif (p=0.01), d’un index de masse corporelle (IMC) > à 30 kg/m2 (p=0.04), un âge élevé (p=0.03) et des PT négatifs (p=0.04).

 Conclusions :

  • Une comorbidité liée à une RSC était chez les patients asthmatiques un facteur prédictif négatif de qualité de vie, significatif et indépendant
  • Les autres facteurs négatifs étaient une fonction respiratoire plus basse, un tabagisme actif, une obésité, un âge plus avancé et le fait d’avoir un asthme non atopique.

Dans cette étude multicentrique suédoise GA2LEN de suivi de patients asthmatiques (n=605), dont 110 avec une RSC, les auteurs montrent que les sujets ayant à la fois un asthme et une RSC ont une qualité de vie et une fonction pulmonaire plus altérées que les sujets asthmatiques mais sans RSC.

De plus dans l’asthme, l’analyse en régression multiple montre que l’altération de la qualité de vie était associée de façon indépendante non seulement à la RSC, mais aussi à une fonction pulmonaire altérée, un tabagisme actif, une obésité, un âge plus élevé et l’absence d’atopie avec des PT cutanés négatifs.

Une des explications possibles pour l’association entre une qualité de vie altérée dans l’asthme et une RSC pourrait être liée à une mauvaise qualité de sommeil liée à l’obstruction nasale.

Les facteurs confondants de cette étude pourraient être :

  • d’une part l’utilisation de critères subjectifs de définition de la RSC, qui pourrait mal classer les patients ; mais ont été utilisés les critères EPOS qui sont connus comme étant concordants avec les lésions constatées en naso-fibroscopie
  • d’autre part un effet de taille faible pour certaines des associations, qui pourrait diminuer leur signification clinique.

Toutes ces données considérées dans leur ensemble évoquent le fait que les patients avec une RSC constituent un groupe clinique hétérogène, et que le phénotype inflammatoire semble influencer la qualité de vie des patients.

Certains de ces facteurs associés sont modifiables et devraient être pris en compte dans la discussion sur la qualité de vie dans l’asthme ; d’un point de vue thérapeutique, il est une fois de plus évident que chez les asthmatiques l’évaluation conjointe et le traitement à la fois des voies aériennes supérieures et inférieures est indispensable.

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