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Rapport entre la journée sans voiture et l’urticaire chronique ? dans les 2 cas on utilise le Cyclo (sporine !!).
mardi 30 septembre 2003, par
L’urticaire chronique idiopathique sévère est très difficile à traiter avec souvent échec de la corticothérapie même au long cours. Il a été démontré que des formes cliniques sont liées à des auto-anticorps. Peut-on alors utiliser un traitement immunosuppresseur comme la cyclosporine ?
Traitement de l’urticaire chronique idiopathique avec test cutané positif au sérum autologue, par la cyclosporine : évaluation clinique et immunologique. : Di Gioacchino M, Di Stefano F, Cavallucci E, Verna N, Ramondo S, Paolini F, Caruso R, Schiavone C, Masci S, Santucci B, Paganelli R, Conti P.
IRCCS San Gallicano, Roma, Italy.
dans Allergy Asthma Proc. 2003 Jul-Aug ;24(4):285-90
– Objectifs de l’étude : Cette étude évalue les effets et la sécurité d’emploi de la cyclosporine (CSA) dans le traitement de patients ayant une urticaire chronique idiopathique avec un test positif au sérum autologue (TSA), et qui n’ont pas répondu à un traitement classique, et qui nécessitent une corticothérapie orale au long cours.
– Méthodologie : Dans ce travail en double aveugle, 40 adultes ont été randomisés pour recevoir soit de la CSA (5mg/kg/j pendant 8 semaines puis 4 mg/kg/j pendant 8 semaines), soit de la cétirizine (10 mg/j), avec ensuite un suivi pendant 9 mois.
– Résultats :
* Après 2 semaines de traitement, l’étude a été ouverte car 16 patients (40%) ont eu des rechutes quotidiennes sévères nécessitant une corticothérapie générale.
* Tous ont reçu alors des antihistaminiques, puis tous les patients ont été inclus dans le groupe CSA.
* Le TSA et le score de sévérité clinique ont été évalués avant et après traitement.
* Tous les patients (n=40) ont terminé le traitement de 16 semaines pas CSA, sans interruption pour des effets indésirables.
* Chez 3 patients la CSA a été réduite à 0.5 mg/kg/j après 1 mois de traitement en raison d’une augmentation modérée et réversible de la créatinine sérique.
* Pendant le traitement par CSA, 20 patients ont eu des rechutes spontanément résolutives (10 patients) ou avec des antihistaminiques (12 patients).
* Seulement 2 patients n’ont pu terminer l’étude du fait de la survenue de symptômes sévères après 4 et 7 jours de suivi, et nécessitant des corticoïdes au long cours.
* Après 9 mois de suivi, 16 patients sont encore en rémission.
* Le score clinique de sévérité de l’urticaire chronique idiopathique a chuté de façon significative à la fin du 4° mois (p=0.002) aussi bien qu’à la fin du suivi (p=0.007).
* Le test cutané est négatif chez 13 patients et positif pour 3 des 16 patients, avec une rémission totale des symptômes.
* Une réduction significative du score a également été observée chez les patients présentant des rechutes qui se sont résolues spontanément (p=0.005) ou avec des antihistaminiques (p=0.03).
– Conclusion : Ces résultats montrent l’efficacité et la bonne tolérance de la CSA chez des patients ayant une urticaire chronique idiopathique sévère et qui ne répondent pas aux traitements conventionnels.
Dans ce travail les auteurs démontrent qu’il est possible d’utiliser la cyclosporine chez des patients présentant une urticaire chronique idiopathique avec test au sérum autologue positif. Ce traitement est bien toléré avec une bonne efficacité même dans des urticaires sévères.
Ce travail est très intéressant car les cliniciens sont toujours dépités de la mauvaise réponse des patients ayant une urticaire chronique idiopathique sévère aux traitements conventionnels.
Dans cette étude les auteurs ont étudié les patients ayant un test positif au sérum autologue. Ce test cutané consiste à faire un prick et une IDR au patient après un prélèvement de sang qui est centrifugé, à l’aide du surnageant sérique.
Si le test est positif cela signifie que le patient à des auto-anticorps sériques qui reconnaissent les sites de liaison aux IgE sur ses propres mastocytes. Il s’agit donc de formes d’urticaire auto-immunes.
D’où l’idée d’utiliser la cyclosporine, ce qui a été proposé par Greaves il y a quelques années.
La série présentée ici est importante, et permet donc réellement d’avoir une bonne idée des avantages et inconvénients de ce traitement.
Pour les inconvénients, ils semblent très minimes, avec seulement une augmentation transitoire et réversible de la créatinine.
L’efficacité n’est pas de 100% malheureusement, mais avec tout de même 16 patients en rémission totale à 9 mois. Ce résultat est très appréciable lorsqu’on sait la pénibilité de cette affection chronique et les inconvénients de la corticothérapie au long cours. Il ne faut donc pas hésiter à proposer ce traitement dans les cas sévères, après information du patient.
Dans le même ordre d’idée, des perfusions de veinoglobulines avaient été proposées avec également une bonne efficacité mais avec un risque infectieux qui en limite la prescription.
Plus que jamais, la spécialité allergologique mérite de s’appeler « allergie clinique et immunologie ».
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