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Bêtabloquant et allergie : il vaut mieux mourir d’un infarctus ou d’un choc anaphylactique ?
lundi 24 mai 2004, par
La question des bêtabloquants se pose quotidiennement ou presque depuis que ce médicament est également recommandé dans l’insuffisance cardiaque. Cependant que faut-il faire pour le patient qui a également une allergie grave à l’arachide par exemple. Bêtabloquant ou non, that is the question !!
Est-ce que les bêtabloquants peuvent être donné aux patients ayant une affection cardiaque et une anaphylaxie induite par l’arachide ? Une analyse décisionnelle. : John A. TenBrook Jr., MDa
Michael P. Wolf, MDa
Stuart N. Hoffman, DOa
Lanny J. Rosenwasser, MDb Marvin A. Konstam, MDc
Deeb N. Salem, MDc John B. Wong, MDa*
From athe Division of Clinical Decision Making, Informatics, and Telemedicine, Department of Medicine ; Tufts-New England Medical Center, Boston, Mass ; bthe Division of Allergy and Clinical Immunology, Department of Medicine, National Jewish Medical and Research Center, Denver, Colo ; and cthe Division of Cardiology, Department of Medicine, Tufts-New England Medical Center, Boston, Mass USA
dans JACI May 2004 • Volume 113 • Number 5
– Introduction :
- Le traitement par bêtabloquant après un infarctus myocardique est généralement recommandé car cela réduit la mortalité.
- Cependant, ces bêtabloquants peuvent augmenter le risque d’anaphylaxie mortelle dans la population grandissante de patients ayant une allergie à l’arachide.
– Objectif de l’étude :
- Les auteurs ont cherché à évaluer les risques et les bénéfices d’un traitement par bêtabloquant chez des patients ayant une allergie et une affection cardiaque.
– Méthodologie :
- Les auteurs ont créé un modèle pour les patients ayant une affection cardiaque et une anaphylaxie induite par l’arachide afin de comparer l’espérance de vie selon les différentes stratégies suivantes :
- 1) bêtabloquant et
- 2) pas de bêtabloquant.
- Une méta analyse et une revue de la littérature ont été utilisées pour valider les paramètres de ce modèle (modèle de Markov).
- Les auteurs ont fait une analyse de sensibilité pour explorer les paramètres incertains.
– Résultats :
- Pour les patients ayant une allergie à l’arachide et qui ont fait un infarctus ou qui ont une insuffisance cardiaque congestive, le bénéfice cardiaque du bêtabloquant est supérieur au risque potentiel augmenté de décès par anaphylaxie à l’arachide, et augmente l’espérance de vie respectivement de 9.4 et 17.4 mois.
- Les bêtabloquants sont préférés à moins que l’incidence annuelle des accidents anaphylactiques modérés à sévères n’excédent 6% pour l’infarctus du myocarde et 15% pour l’insuffisance cardiaque :
- le traitement par bêtabloquant augmente alors l’incidence des accidents anaphylactiques modérés et sévères de plus de 2.5 fois pour les antécédents d’infarctus et de plus de 5.8 fois l’insuffisance cardiaque.
- L’anaphylaxie mortelle est supérieure alors de 6.5% à celle de l’infarctus et le bêtabloquant augmente le risque d’anaphylaxie mortelle de plus de 25 fois chez les patients ayant fait un infarctus.
– Conclusions :
- Ces résultats suggèrent que, chez les patients ayant de antécédents d’infarctus et d’insuffisance cardiaque et qui ont un risque anaphylactique à l’arachide, le bêtabloquant peut augmenter l’espérance de vie.
- Cependant, les données épidémiologiques de l’anaphylaxie et des effets du traitement bêtabloquant sur l’incidence de l’anaphylaxie et sur la mortalité nécessitent des études complémentaires.
Dans ce travail, les auteurs à partir d’un modèle testé sur les données de la bibliographie, démontrent que le traitement par bêtabloquant chez un patient ayant des antécédents cardio-vasculaires augmente la survie du patient même s’il a par ailleurs une allergie grave à l’arachide associée.
Ce travail est très important car l’allergologue a souvent des difficultés pour savoir s’il doit ou non permettre la prescription d’un bêtabloquant chez un patient qui a une allergie grave avec un risque élevé de choc anaphylactique mortel comme c’est le cas dans l’allergie à l’arachide.
Les auteurs démontrent que le risque d’accidents cardiaques est beaucoup plus élevé et que le bêtabloquant augmente de façon importante la survie du patient. Il faut dont autoriser la prescription du bêtabloquant.
Cependant, si la fréquence en terme épidémiologique du risque anaphylactique devient trop importante alors le risque de décès liés à un choc aggravé par le bêtabloquant devient très supérieur au bénéfice de ce médicament dans son indication cardiovasculaire.
Il faut bien entendu relativiser ces résultats qui reposent sur un modèle mathématique et ne permettent pas réellement d’apprécier le risque donné pour un patient bien particulier. Mais il doit permettre de ne pas ériger en dogme la contre indication des bêtabloquants qui est donc relative et doit s’apprécier conjointement avec le cardiologue.
Actuellement dans nos pays, le risque anaphylactique semble inférieur à 6%, il n’y a donc pas lieu de contre-indiquer un bêtabloquant chez un grand cardiaque.