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Le Staphylo fait des vagues ou les dégâts de la narine...
samedi 22 octobre 2005, par
Nos résultats thérapeutiques en matière de rhinite, loin d’être parfaits, indiquent clairement que cette affection commune n’a pas encore livré tous ses secrets. De la réaction allergique expérimentale à la réalité c’est toute l’influence des cofacteurs de l’allergie. Allez, on commence par la flore microbienne locale !
Portage nasal de Staphylococcus aureus chez des patients allergiques aux acariens et chez des sujets sains. : H. Riechelmann1, A. Essig2, T. Deutschle1, A. Rau1, B. Rothermel1, M. Weschta1
1Department of Otorhinolaryngology ; 2Department of Medical Microbiology and Hygiene, University of Ulm, Ulm, Germany
dans Allergy 60 (11), 1418-1423.
– Contexte :
- La colonisation par staphylocoques peut influencer l’évolution de maladies allergiques comme la dermite atopique ou la rhinite allergique.
- La fréquence du portage nasal de Staphylococcus aureus (SA) et son éventuelle influence sur la rhinite allergique persistante a été étudiée.
– Méthodes :
- Dans le lavage nasal de 22 patients allergiques aux acariens et de 18 sujets sains, le nombre d’unités de formation de colonies de SA par ml a été établi et relié au score des symptômes nasal, à la concentration de trois marqueurs d’activation des cellules inflammatoires, aux IgE totales nasales et à 17 cytokines des sécrétions nasales.
– Résultats :
- SA a été retrouvé chez 15 patients allergiques sur 22 et sur 4 sujets contrôles sur 18 (P < 0.01).
- Chez les allergiques porteurs de SA (par rapport aux allergiques non porteurs) :
- Le score symptômes nasal tendait à être plus élevé (P < 0.1).
- Le marqueur d’activation cellulaire ECP également (10 2.23 ± 0.33 vs 10 1.45 ± 0.50 ng/l ; P < 0.05) ainsi que l’élastase (10 2.70 ± 0.21 vs 10 2.12 ± 0.34 ng/l ; P < 0.01).
- Les IgE totales nasales étaient aussi plus élevées (10 1.66 ± 0.38 vs 10 1.2 ± 0.28 ng/l ; P < 0.05).
- Les porteurs de SA avaient des rapports plus élevés IL-13 / IFN γ ; (P<0.01), et ceci était corrélé à des IgE totales nasales plus élevées chez les patients allergiques (r = 0.6 ; P < 0.05).
– Conclusions :
- Le portage nasal de SA est fréquent chez les patients présentant une rhinite allergique persistante.
- Les données de cette étude suggèrent que les SA ne sont pas seulement des éléments secondaires, mais qu’il modulent de façon active la maladie par l’activation de la production locale d’IgE.
Les auteurs de cette étude ont retrouvé des SA chez 68% des patients présentant une rhinite allergique persistante alors qu’ils n’en ont mis en évidence que chez 22% des sujets sains.
La présence de ces agents infectieux ne serait pas qu’un épiphénomène : ces Staphylocoques interviendraient par l’induction d’une production locale d’IgE, modulant ainsi la maladie.
Il faut d’abord noter la faiblesse de l’échantillon de population étudiée (seulement 22 cas de rhinite allergique) contrebalancée par une méthodologie rigoureuse.
L’intérêt de cette étude est de proposer une voie de recherche intéressante à plusieurs titres :
– Elle répond à une « vraie » demande vu le nombre de patients rhinitiques et les résultats thérapeutiques par trop partiels que nous obtenons.
– Elle propose une hypothèse qui vient recouper les données de plusieurs études précédentes évoquant notamment une sensibilisation « in situ » comme dans l’étude de 2003 qui proposait le terme d’entopie...Or cette production locale d’IgE est classiquement évoquée en pathologie oculaire mais beaucoup moins pour le nez.
– Les précédentes tentatives d’étude des agents infectieux avaient pêché par une méthodologie peu satisfaisante (cf. diverses études peu convaincantes sur le rôle des agents fongiques) alors que les éléments rassemblés dans ce travail me paraissent plus solidement documentés.
– La nature des phénomènes invoqués ouvrirait la voie à de nouveaux abords thérapeutiques.
Il reste qu’après avoir inauguré une nouvelle idée, il vaut vérifier qu’elle nous mènera bien quelque part !...
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