Distinction nosologique des rhinosinusites chroniques avec ou sans polype : une question de pif !

vendredi 20 octobre 2006 par Dr Alain Thillay4077 visites

Accueil du site > Maladies > Rhinites > Distinction nosologique des rhinosinusites chroniques avec ou sans polype : (…)

Distinction nosologique des rhinosinusites chroniques avec ou sans polype : une question de pif !

Distinction nosologique des rhinosinusites chroniques avec ou sans polype : une question de pif !

vendredi 20 octobre 2006, par Dr Alain Thillay

Cliniquement, les rhinosinusites chroniques (RSC) peuvent se diviser en deux groupes, les RSC avec polypes et les RSC sans polypes. Les auteurs américains et allemands de cette étude se posent la question de savoir si la présence de polypes correspond à une étape ultérieure de la RSC simple ou bien à une entité clinique à part. La distinction est évaluée par l’analyse de biopsies des muqueuses ethmoïdales.

Caractéristiques distinctives de la rhinosinusite chronique avec ou sans polypes. : D. Polzehl1, P. Moeller2, H. Riechelmann1, S. Perner2,3

1Department of Otorhinolaryngology - Head and Neck Surgery, University of Ulm ; 2Institute of Pathology, University of Ulm, Ulm, Germany ; 3Department of Pathology, Brigham and Women’s Hospital, Harvard Medical School, Boston, MA, USA

dans Allergy 61 (11), 1275-1279

 Contexte :

  • Basée sur la présence ou l’absence de polypes nasaux à l’endoscopie, la rhinosinusite chronique (RSC) peut être médicalement divisé en RSC avec polypes nasaux et RSC sans polypes nasaux.
  • Il est difficile de préciser si la RSC avec polypes et la RSC sans polypes représentent des entités distinctes de la maladie ou des étapes évolutives différentes de la même et unique maladie.
  • Dans le cas d’une maladie unique, seules des différences histopathologiques mineures entre RSC avec petits polypes d’apparition précoce (RSCPN (+)) et RSC sans polypes nasaux (RSCPN (-)) sont attendues.

 Méthodes :

  • Des patients atteints de RSCPN (+) limités à la région infundibulaire ou de RSCPN (-) ont été sélectionnés.
  • La caractérisation histochimique et immunohistochimique de la muqueuse ethmoïdale a été pratiquée sur des échantillons fixés à la formaline et inclus en paraffine.
  • La fréquence et la distribution des éosinophiles, des neutrophiles, des mastocytes, des cellules IgE+, des macrophages, des sous-ensembles des cellules B et T, des cellules NK, des cellules plasmatiques et des cellules caliciformes ont été évaluées.
  • En outre, l’épaisseur de la membrane basale a été mesurée.

 Résultats :

  • Neuf patients atteints de RSC sans polypes détectables, et 11 patients avec de petits polypes d’apparition précoce limités à la région infundibulaire ont été sélectionnés.
  • En dépit de la différence clinique limite, le taux d’infiltration en cellules rondes (P < 0,05), le nombre d’éosinophiles (P <0.05), et de cellules plasmatiques (P < 0.01), différaient de manière significative au niveau des échantillons de muqueuse ethmoïdale chez les patients des deux groupes.

 Conclusion :

  • Nous avons observé des différences histopathologiques importantes de la muqueuse ethmoïdale des patients à RSCPN (+) et de RSCPN (-).
  • Ainsi, les résultats de cette recherche soutiennent le concept que la RSC avec polypes et la RSC sans polypes nasaux sont deux entités différentes de la maladie plutôt que des étapes évolutives différentes d’une maladie unique, mais peuvent également être interprétés comme un degré plus élevé d’inflammation.

En effet, tout le problème réside dans l’interprétation des différences cliniques entre RSC avec ou sans polype. La présence de polype correspond-elle à une étape évolutive de la RSC simple ou bien s’agit-il d’une maladie à part, différente ?

Si la question paraît vraiment très pertinente, trouver les moyens de le montrer semble bien moins aisé !

Les auteurs ici ont eu la belle idée de comparer ce qui est comparable.

Ils ont sélectionné des patients atteints de RSC sans polype et des patients atteints de RSC et d’une forme débutante de polypose.

Il est dommage qu’ils n’aient pas pratiqué systématiquement un scanner des sinus de la face. En effet, parmi les patients sans polype combien ont peut-être déjà un épaississement muqueux des cellules ethmoïdales ? Il y a là un biais de recrutement.

D’après les résultats, il existerait une grande différence entre les biopsies des deux groupes sur le plan histopathologique.

Et pourtant, qu’est-ce qui permet aux auteurs de conclure que cela correspond à deux maladies différentes ? Avant de jeter cette étude aux orties, il faudrait voir le texte complet. Peut-être que ces différences s’inscrivent bien dans deux cadres nosologiques différents ?

Mais, vous remarquerez que les auteurs sont prudents et annoncent que ces différences correspondent peut-être à un degré inflammatoire plus élevé dans le groupe présence de polypes.

En conclusion, en restant sur un plan pratique, nous nous contenterons de rappeler qu’il faut chercher systématiquement dans le cas de RSC une polypose nasosinusienne (obstruction nasale sévère, hyposmie, examen au nasofibroscope).

Abonnez-vous!

Recevez les actualités chaque mois