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La mortalité par asthme en chute libre en France !
mercredi 12 novembre 2008, par
Depuis le pic de mortalité par asthme de 1986, celle-ci tend à diminuer régulièrement. Ainsi, parlait-on de 2000 morts par an dans les années 80, pour ne dénombrer -mais c’est toujours trop-, que 1129 personnes décédées de leur asthme en 2005. Tout l’intérêt de cette étude est dans la réflexion pour expliquer ce phénomène.
Diminution de la mortalité par asthme en France. : Tual S, Godard P, Bousquet J, Annesi-Maesano I.
Inserm, UMR S 707, EPAR, Paris, France.
dans Rev Mal Respir. 2008 Sep ;25(7):814-20.
– Introduction :
- La morbidité, la mortalité et le coût socio-économique liés à l’asthme représentent un important problème de santé publique.
- Malgré l’efficacité des thérapies, en 1999, l’asthme a encore tué quelques 2000 personnes en France.
– Méthodes :
- Ce travail avait pour objet l’étude de l’évolution de la mortalité par asthme en France métropolitaine entre 1980 et 2005 et l’examen des disparités régionales.
- Les taux annuels de mortalité de l’asthme ont été calculés en fonction de l’âge et du sexe ainsi que les taux en fonction de l’âge standardisé.
- Les modifications de la mortalité due à l’asthme ont été estimées par le pourcentage de variation annuelle moyenne à l’aide d’un modèle de régression linéaire (log-linéaire).
- Enfin, les disparités régionales ont été cartographiées.
– Résultats :
- Après s’être stabilisée entre 1990 et 1995, la mortalité liée à l’asthme a significativement diminué.
- À partir de 2000, la baisse a été plus rapide chez les hommes que chez les femmes.
- La diminution était significative seulement chez les personnes âgées de plus de 35 ans.
- En outre, des disparités régionales ont pu être observées.
– Conclusions :
- Le déclin de la mortalité liée à l’asthme qui a commencé en 1986 s’est poursuivi jusqu’en 2005.
- Les explications potentielles pourraient être des soins meilleurs apportés aux patients en raison des consensus, y compris l’emploi de corticostéroïdes inhalés et l’éducation thérapeutique ainsi que l’amélioration de la certification des décès.
Cette étude a été concoctée par une équipe française qui compte des personnes bien connues du monde de l’asthmologie et de l’allergologie.
Curieux de nature, je me suis arrangé pour récupérer le texte intégral de cette étude qui est tout de même plus éclairant que le simple résumé.
L’étude s’étend de 1980 à 2005 et utilise les données du service de l’Iserm (CépiDc), centre épidémiologique qui étudie les données concernant les décès.
Après le pic de mortalité par asthme en 1986 attribué à des épidémies hivernales de grippe entre 85 et 86, cette mortalité a diminué jusqu’en 90 pour se stabiliser entre 90 et 95, pour diminuer à nouveau jusqu’en 1999, ensuite la baisse s’est poursuivie mais en étant plus nette chez les hommes.
Les auteurs rappellent toutefois qu’en 2005 1129 personnes sont décédées du fait de leur asthme.
Alors comment expliquer cette évolution favorable de la mortalité par asthme ?
Les auteurs insistent beaucoup sur l’arrivée de GINA dès 95 qui a favorisé une meilleure prise en charge de la maladie asthmatique d’abord en adaptant le traitement en fonction de la sévérité et désormais en l’adaptant en fonction du contrôle de la maladie. Tout ceci aboutissant à la généralisation du recours aux CSI associés ou non à des B2LA. Il est vrai, et je peux en témoigner, que l’on voit de moins en moins de patient arriver en consultation qu’avec un B2CA à la demande ou même avec un B2LA seul !
Dans la discussion de cette étude, il est signalé qu’il existe un risque de sous-estimation de la mortalité de l’asthme dans la mesure où celui-ci pourrait s’intriquer dans un cadre pathologique plus large mais contribuant grandement au décès. Donc attention, à l’asthme comme cause initiale ou associée.
Enfin, les disparités régionales de mortalité par asthme ne sont pas « raccord » avec le taux d’hospitalisation pour asthme grave. Les auteurs d’évoquer des disparités dues à des inégalités socio-économiques de région à région.
Dans ce travail, les auteurs n’abordent pas l’aspect écologique et la diminution constante du tabagisme. N’en déplaise aux verts pleurnichards, en France, globalement, la qualité de l’air s’améliore du fait essentiellement du rajeunissement du parc automobile ; les automobiles actuelles sont beaucoup moins polluantes que celles des années 80.
Cette étude est vraiment encourageante et nous incite à prendre en charge de façon globale la maladie asthmatique comprenant contrôle de l’environnement domestique, traitement médicamenteux ad hoc et immunothérapie spécifique lorsque indiquée et tout cela le plus tôt possible dans la vie de l’asthmatique.
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