La mondialisation n’existe pas en allergologie : un mal ? un bien ?

mardi 15 mars 2016 par Dr Stéphane Guez1875 visites

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La mondialisation n’existe pas en allergologie : un mal ? un bien ?

La mondialisation n’existe pas en allergologie : un mal ? un bien ?

mardi 15 mars 2016, par Dr Stéphane Guez

Absence de standardisation dans les explorations et la prise en charge des enfants suspects d’allergie aux bétalactamines. : Ru-Xin Melanie Foong1, Kirsty Logan1, Michael Richard Perkin2 andGeorge du Toit1,3,*
DOI : 10.1111/pai.12557

dans Vol. 27 Issue 2
Pediatric Allergy and Immunology

 Introduction :

  • L’allergie aux bétalactamines (BL) est souvent suspectée chez les enfants, avec des implications en terme de santé individuelle et générale.
  • Les techniques de diagnostic incluent les tests cutanés en prick, les dosages d’IgEs et les tests intradermiques ainsi que les tests de provocation (TPO).

 Objectif de l’étude :

  • Il a été d’établir s’il existe des différences à l’échelle mondiale dans l’exploration et la, prise en charge de l’allergie aux BL.

 Matériel et Méthode :

  • Un questionnaire anonymisé électronique a été distribué sur un période de 3 mois par le biais des sociétés internationales d’allergie à des cliniciens qui prennent en charge l’allergie aux médicaments chez les enfants.

 Résultats :

  • 81 cliniciens de 16 pays ont complété le questionnaire.
  • Il y a une variabilité dans la sélection des tests diagnostics utilisés de part le monde et peu de concordance sur les valeurs seuils aussi bien pour les pricks, les IDR et les IgEs, de même que pour les techniques de mesures des papules des prick et IDR.
  • Le TPO est considéré comme le gold-standard avec 94% de réponses positives sur son utilisation dans les 12 derniers mois :
    • 64% des praticiens considèrent ce TPO comme très utile à la fois pour exclure ou pour confirmer une allergie aux BL
    • Cependant il n’y a pas de consensus sur le moment et la façon de réaliser ce TPO.
  • Le TPO n’est pas dangereux dans la mesure ou seulement 3% des praticiens ont eu recours à de l’adrénaline en IM et aucun n’a eu un patient nécessitant une admission en soins intensifs.

 Conclusion :

  • Il n’y a pas de consensus parmi les praticiens des différents pays concernant le diagnostic et la prise en charge de l‘allergie aux BL.
  • Le développement d’une approche standardisée est une priorité.

Dans ce travail les auteurs ont interrogé des cliniciens de l’ensemble du globe pour comparer les pratiques de prise en charge de l’allergie aux Bétalactamines.

Il n’y a pas de consensus sur les techniques de diagnostic et les valeurs seuils de positivité. Le TPO est le standard pour tous mais sans consensus sur sa réalisation.
Il n’y a donc pas de mondialisation en ce qui concerne la prise en charge de l’allergie aux médicaments et en particulier pour l’allergie aux bétalactamines.

On s’en doutait un peu car même à l’échelle d’un pays il y a de grandes différences selon les écoles allergologiques.

Mais est-ce un mal : oui, si cela prouve que les données scientifiques sont encore très insuffisantes pour définir une conduite à tenir claire et qui puisse être acceptée universellement. Et c’est la réalité : on ne connaît pas la nature précise de l’allergène, aucun test n’est à la fois très sensible et spécifique.

Donc il est logique qu’il n’y ait pas uniformité et c’est heureux car cela prouve qu’il y a des idées différentes dans chaque pays avec probablement des résultats tout à fait similaires en terme de sécurité d’exploration et de performance diagnostique.

Plutôt que de chercher à tout prix un consensus international qui sera médiocre dans ces conditions, il faut stimuler la recherche fondamentale dans la prise en charge de l’allergie aux médicaments.

Cette recherche ne se développera malheureusement pas en France, qui en décidant de ne pas reconnaitre la spécialité d’allergologie condamne celle-ci à disparaitre assez rapidement. Mais on peut espérer que les autres pays européens qui ont reconnu cette spécialité sauront relever ce défi.