Divination et immunothérapie : un brevet déposé

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Divination et immunothérapie : un brevet déposé

Divination et immunothérapie : un brevet déposé

vendredi 20 septembre 2024, par Dr Philippe Auriol

Le traitement des allergies repose d’abord sur l’éviction de l’allergène si elle est possible, sur l’amélioration de la tolérance par des médicaments si cela n’est pas possible et enfin par la mise en place d’une immunothérapie allergénique (désensibilisation) pour améliorer la tolérance à l’allergène. Le problème c’est que l’efficacité de cette immunothérapie allergénique se fait sur des scores symptomatiques ou sur l’amélioration de la fonction (nasale, bronchique) mais de manière progressive sur trois ans.
A recent patent in allergy & immunology : Biomarkers on allergen-specific memory B cells to predict allergen immunotherapy outcome - Menno C. van Zelm and al.

Grâce au soutien de la fondation "Central Clinical School Early Career Fellowship to CIM", les auteurs ont breveté une méthode pour tenter d’apprécier après seulement deux mois de traitement d’immunothérapie allergénique (ITA), l’efficacité de celle-ci.

méthode

  • suivi des séra de patients désensibilisés en sublinguale (lolium, pollen de graminées) au bout de quatre mois et en injectable (venin d’abeille) au bout de deux mois
  • le brevet repose sur la détection des protéines de surface des lymphocytes B (qui produisent les anticorps IgE de l’allergie).
    • détection et purification des lymphocytes B mémoire spécifique d’antigène
    • séquençage unicellulaire (scRNAseq) avec la "BD Rhapsody platform"
  • analyse de clusters à distance :
    • activité de transcription forte pour 14 protéines de surface
    • 4 sont retenues comme candidates en tant que biomarqueur d’efficacité de l’ITA : FcεRII (CD23), Integrin β1 (CD29), et IL4Rα (CD124)

résultats

  • l’expression de CD23, CD29 et/ou CD124 sur les lymphocytes B mémoire spécifiques d’antigène semble être corrélé avec l’efficacité de l’ITA dès le 2e mois de traitement pour le venin (injectable) et le 4e mois pour le pollen (sublinguale).
  • plusieurs populations cellulaires avec divers récepteurs sont mis en évidence sans que l’on ne sache pour l’instant en interpréter le sens.
Expressions de récepteurs à la surface des lymphocytes B mémoire spécifiques d’antigène

Les modifications immunitaires induites par l’immunothérapie allergénique sont mieux mises en évidence grâce à cette technique brevetée. Certaines semblent signer la tolérance, ce qui permettra de suivre au bout de quelques mois l’efficacité ou non de la désensibilisation et d’autres modifications observées ne sont pas aujourd’hui expliquées et sont à explorer dans le futur.


La désensibilisation est-elle efficace ? Doit-on la poursuivre ? Cela fait partie des interrogations des allergologues lors du suivi d’une immunothérapie allergénique.

Aujourd’hui nous avons plusieurs moyens d’en apprécier l’efficacité :

  • scores clinique (PAREO par exemple)
  • mesures fonctionnelles (EFR et rhinomanométrie)
  • diminution des besoins médicamenteux
  • retour (subjectif) du patient

Seulement les saisons polliniques varient, l’exposition du patient aux allergènes également et obtenir un résultat précoce pour valider la contrainte (3 à 5 ans de traitement) imposée au patient serait effectivement bienvenue.

La consigne reste : sans efficacité clinique observée au bout d’un an, on ne continue pas cette désensibilisation.