Dermatite atopique : mets de l’huile…

jeudi 26 septembre 2024 par Dr Philippe Auriol393 visites

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Dermatite atopique : mets de l’huile…

Dermatite atopique : mets de l’huile…

jeudi 26 septembre 2024, par Dr Philippe Auriol

La dermatite atopique est une maladie dont la part génétique est prépondérante mais d’autres facteurs interviennent dans sa genèse. Les auteurs de cette étude se posent la question d’une supplémentation en huile de foie de morue pendant la grossesse pour en limiter l’importance.
Chen L, Brustad N, Luo Y, et al. Prenatal Fish Oil Supplementation, Maternal COX1 Genotype, and Childhood Atopic Dermatitis : A Secondary Analysis of a Randomized Clinical Trial. JAMA Dermatol. Published online August 28, 2024. doi:10.1001/jamadermatol.2024.2849

matériel

  • 736 femmes enceinte Danoises, à leur 24e semaines de grossesse
  • suivi sur dix ans de janvier 2019 à décembre 2021
  • analyse en 2023
  • publication en 2024

méthode

  • Il s’agit d’une étude prospective portant sur des enfants Danois de 2019 à 2021
  • une supplémentation durant la grossesse de la 24e semaine à une semaine du terme avec de l’huile de poisson gras (riche en ω-3 à longue chaine acides gras polyinsaturés) en comparaison avec la même quantité en huile d’olive pour le groupe placebo
  • profil génétique de la cyclo-oxygénase de type 1 des mamans (COX1)
  • Dermatite atopique (DA)

résultats

  • À l’âge de 10 ans, 635 enfants (91 % ; 363 [57 %] de sexe féminin) ont complété le suivi clinique
  • Ces paires mère-enfant ont été incluses dans l’étude :
    • 321 (51 %) faisaient partie du groupe d’intervention
    • 314 (49 %) du groupe de contrôle.
    • La supplémentation en huile de foie de morue pendant la grossesse a été associée à une diminution des métabolites urinaires de thromboxane A2 à l’âge d’un an ), qui a également été associée au génotype COX1 rs1330344.
    • Bien que ni la supplémentation en huile de foie de morue, ni le génotype COX1 maternel n’aient été associés au risque de dermatite atopique infantile jusqu’à l’âge de 10 ans, il y avait des preuves d’une interaction entre ces variables.
      • Parmi les mères présentant le génotype TT, le risque de dermatite atopique était réduit dans le groupe huile de poisson par rapport au groupe huile d’olive
      • Il n’y avait pas d’association pour les mères avec le génotype CT
      • Le risque était accru parmi la progéniture des mères avec le génotype CC.
  • On note une interaction significative entre la supplémentation huile de foie de morue, le génotype COX1 de la mère et le développement de la dermatite atopique.

Conclusion

L’association entre la supplémentation prénatale en acide gras polyinsaturés de type oméga 3 à longue chaine et le risque de dermatite atopique chez l’enfant varie en fonction du génotype de la cyclo-oxygénase de type 1 de la mère.

Ces résultats pourraient être utilisés dans le cadre d’une stratégie de prévention personnalisée consistant à fournir une supplémentation uniquement aux femmes enceintes présentant le génotype TT.


La dermatite atopique est une maladie complexe que l’on résume bien souvent à sa seule part génétique : défaut des filigranes, des claudine ou autre molécule assurant l’intégrité de la barrière cutanée. Cette génétique n’explique pourtant que 30% des cas observés chez l’enfant et des formes tardives d’apparition à l’âge adulte nous montre bien que ces anomalies de structure ne sont qu’une partie du problème.

Faisant écho aux pratiques de nos grands parents voire arrière grands-parents les auteurs tentent la suplémentation en huile de poisson gras, riche en omega 3, comparée à de l’huile d’olive banale.

Ils s’intéressent au statut phénotypique des cyclo-oxygénases et constatent que si certains enfants voient leur risque de dermatite atopique diminué avec cet apport durant la grossesse, d’autres enfants voient leur risque majoré du fait de la simple variation phénotypique de cette enzyme.

La cyclo-oxygénase est l’enzyme intra-membranaire des cellules qui permet la synthèse des prostaglandines. Celle qui est bloquée par la prise des anti-inflammatoires non stéroïdiens.

Il est logique alors de se poser deux questions :

  • quel est l’effet d’une inflammation à prostaglandines durant cette période de grossesse sur la genèse d’une dermatite atopique ? Est-elle, elle aussi, dépendante du profil phénotypique de la COX-1 ?
  • chez l’enfant souffrant de dermatite atopique : les inflammations à prostaglandines usent elles du même mécanisme pour occasionner les poussées de DA ? Y a t il là aussi des profils phénotypique de la COX-1 qui les y prédisposent ?