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Dans la rhinite allergique, respirer de l’air c’est dépassé
lundi 11 novembre 2024, par
La rhinite allergique se traduit par une inflammation T2 dans la muqueuse nasale. Cette inflammation est possible du fait de la présence d’une flore microbienne, un microbiote, qui lui est favorable. L’hydrogène est un gaz connu pour ses effets anti-oxydants et anti-inflammatoires. Les auteurs se sont intéressés sur son effet dans la régulation du microbiote local dans la rhinite allergique.
Méthode
- Inclusion : des sujets de plus de 18 ans, pour qui la rhinite clinique a été diagnostiquée allergique à partir de prick tests, ayant arrêté les antibiotiques et corticoïdes (y compris locaux) depuis plus de 4 semaines.
- Exclusion : les rhinites à polypes, les sinusites, les tumeurs, les co-morbidités physiques ou psychiques et enfin les patients faiblement compliants.
- Échantillon : sont retenus dans le groupe testé 6 femmes et 24 hommes contre 8 hommes et 22 femmes dans le groupe témoin, les médianes sont de 30 ans pour l’âge (18-47).
- la flore est prélevée par écouvillonage des deux narines, en position couchée sur le dos, stockée à -80°C jusqu’à l’extraction de l’ADN.
- Dans le groupe sujet, de l’hydrogène à 66% est inhalé durant trois heures par jour, quatre semaines durant
- Les résultats sont suivis sur différents scores avant et après inhalation : un score analogique visuel de rhinite, un TNSS (score de symptôme nasal total), un RQLQ (questionnaire de qualité de vie dans la rhino-conjonctivite). Les IgE totales et l’éosinophilie sanguine sont également mesurés. Le dosage de l’ARN ribosome 16 s (ARNr16S) est utilisé pour suivre les populations de la flore nasale.
Résultat

- Les scores analogiques et symptomatiques sont significativement améliorés mais pas celui de la qualité de vie
- La flore bactérienne locale est significativement modifiée avec abondance de Ruminococcus et Erysipelotrichaceae
- Les IgE totale et l’éosinophilie sanguine sont également modifiés à la baisse.
- Il n’y a pas d’effet secondaire rapportés par les patients à ces inhalations.
Discussion
- le microbiote nasal semble jouer un rôle important dans l’entretien de la rhinite allergique
- l’hydrogène modifie l’inflammation locale en restaurant une diversité de flore microbienne et en agissant sur l’inflammation et l’activité oxydative
Surprenante étude Chinoise où l’on découvre que l’hydrogène inhalé a des vertus (étayées chez la souris) anti-inflammatoire et anti-oxydative.
Evidemment il ne s’agit que de 30 personnes, trentenaires, compliants et capables de passer 3 heures par jour durant 4 semaines pour soigner leur rhinite allergique. C’est un peu surréaliste quand on voit la difficulté que l’on peut avoir en consultation pour obtenir une malheureuse prise ponctuelle d’anti-inflammatoire nasal bien moins contraignantes mais c’est d’autant plus admirable.
Evidemment les groupes, bien que les auteurs s’en défendent, ne sont pas vraiment comparables puisque les proportions d’hommes et de femmes sont inverses et que l’on connaît le rôle des hormones dans la rhinite…
Enfin, les variations du microbiote restent toujours aussi difficiles à appréhender : le microbiote change-t-il parce que la rhinite va mieux ou est le changement du microbiote qui améliore la rhinite ?
L’étude est toutefois intéressante car elle pose la question du rôle de la composition de notre air ambiant : quelles sont les substances pro-inflammatoires et pro-oxydantes de notre air intérieur ?