Et c’est qui le meilleur anti-histaminique ? Non, c’est pas tirizine…

lundi 9 décembre 2024 par Dr Philippe Auriol69 visites

Accueil du site > Maladies > Traitements > Et c’est qui le meilleur anti-histaminique ? Non, c’est pas tirizine…

Et c’est qui le meilleur anti-histaminique ? Non, c’est pas tirizine…

Et c’est qui le meilleur anti-histaminique ? Non, c’est pas tirizine…

lundi 9 décembre 2024, par Dr Philippe Auriol

High-risks drug adverse events associated with Cetirizine and Loratadine for the treatment of allergic diseases : a retrospective pharmacovigilance study based on the FDA adverse event reporting system database. Kong W, Dong Y, Yi S, Mo W, Yang H

La cétirizine et la loratadine sont les deux antihistaminiques de deuxième génération les plus vendus pour lutter dontreles maladies allergiques. Cette étude vise à fournir une analyse comparative des différences dans les événements indésirables médicamenteux (ADE) entre ces deux médicaments, ce qui peut aider les cliniciens à prendre des décisions de traitement plus appropriées.

Méthode

Les rapports ADE liés à la cétirizine et à la loratadine obtenus à partir de la base de données du système de déclaration des événements indésirables (FAERS) de la FDA ont été analysés à l’aide d’une analyse de disproportionnalité et d’une analyse bayésienne pour évaluer et comparer les signaux ADE des deux médicaments.

Résultats

  • Au total, 28 051 et 28 073 rapports d’ADE ​​ont été extraits de la base de données FAERS concernant respectivement la cétirizine et la loratadine, les deux médicaments montrant une prédominance de femmes d’âge moyen.
  • Plus précisément, la loratadine a été associée à des symptômes respiratoires, principalement des symptômes nasaux tels que la rhinorrhée (n = 326, ROR 6,75), les éternuements (n = 251, ROR 15,24) et la congestion nasale (n = 185, ROR 4,25),
  • tandis que la cétirizine n’a pas été associée à des symptômes respiratoires.
  • les deux médicaments ont présenté des signaux forts de somnolence et psychiatrique, en particulier la cétirizine (Cétirizine, n = 2556, ROR 10,52 vs Loratadine, n = 1200, ROR 7,76).
  • De plus, la cétirizine elle-même a montré des signaux forts de troubles de l’attention (n = 233, ROR 3,3), tandis que la Loratadine était associée à la nervosité (n = 145, ROR 3,3).
  • Une exploration plus approfondie a révélé de près des effets indésirables plus graves associés à la cétirizine, y compris des hallucinations, de l’agressivité et un comportement anormal.
  • Il est important de noter que la cétirizine était associée de manière significative à la survenue d’une péricardite (n = 138, ROR 8,13), entraînant potentiellement des conséquences indésirables graves.

Conclusion

Par rapport à la Loratadine, la cétirizine présente un risque potentiel plus élevé nerveux et psychiatrique. De plus, cette étude révèle précédemment une toxicité cardiaque potentielle sous-estimée de la cétirizine ; bien qu’à un taux d’incidence relativement faible, l’intensité élevée du signal mérite une attention et une exploration plus approfondies. Ces résultats mettent en évidence la nécessité d’améliorer la surveillance et la thérapie des patients.


Les deux molécules anti-histaminiques phares de l’allergologie viennent de se rencontrer sur le ring de la FDA et il y a eu du sang et des larmes.

Les anti-histaminiques sont une classe de médicament dérivée des neuroleptiques. Les effets psychiatriques et "nerveux" ne sont pas surprenants et on les observe également avec les anti-leucotriènes.

La somnolence est évidemment présente, elle est un effet secondaire fréquent avec aux âges extrêmes de la vie une excitation paradoxale et des insomnies. Comme nous le savions déjà, la cetirizine est vainqueur toute catégorie parmi les anti-histaminiques de deuxième génération en terme d’induction de tolérance.

Je suis un peu surpris que les effets anti-cholinergiques ne soient pas plus franchement abordés : glaucome, hypertension oculaire, hyposialie, troubles de l’accommodation etc. et certains des effets rapportés ne sont probablement pas liés au traitement mais plutôt à l’absence de traitement anti-inflammatoire nasal associé (éternuements, congestion nasale).

Un regret quand même, il est dommage que l’auteur n’ait pas poussé le crime un peu plus loin en y ajoutant les évolutions pokemon de nos combattants : levocetirizine contre desloratadine !

Portfolio