Biotiques en prévention de l’eczéma ? Pas encore pré…

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Biotiques en prévention de l’eczéma ? Pas encore pré…

Biotiques en prévention de l’eczéma ? Pas encore pré…

lundi 27 janvier 2025, par Dr Philippe Auriol

Effects of pregnancy and lactation prebiotics supplementation on infant allergic disease : A randomized controlled trial Palmer, Debra J. et al. Journal of Allergy and Clinical Immunology, Volume 155, Issue 1, 144 - 152

Introduction

-* Les maladies allergiques sont influencées par des facteurs héréditaires, mais les facteurs environnementaux, en particulier les changements alimentaires, jouent un rôle crucial dans leur prévalence accrue, en particulier chez les nourrissons.

  • La recherche se concentre sur la prévention des allergies en identifiant des facteurs de risque modifiables tels que l’alimentation maternelle et l’environnement pendant la grossesse et l’allaitement.
  • Le microbiome intestinal des nouveau-nés est crucial pour le développement de leur système immunitaire et le risque de maladies allergiques.
  • Les prébiotiques, comme les galacto-oligosaccharides et les fructo-oligosaccharides, sont examinés pour leurs potentiels effets bénéfiques sur le microbiome et l’immunité.

Méthode

  • Conception de l’étude :
    • Essai contrôlé randomisé à double insu, avec allocation 1:1.
    • Une étude menée en Australie-Occidentale, autorisée par des comités d’éthique et enregistrée sur un registre clinique.
  • Participants :
    • Des femmes enceintes (< 21 semaines) ayant un historique familial d’allergies, à l’exception des fumeuses et des femmes intolérantes au lactose.
    • 652 participantes, divisées en deux groupes : prébiotiques et placebo.
  • Modalités :
    • Prébiotiques : 14,2 g/jour de galacto-oligosaccharides et fructo-oligosaccharides.
    • Placebo : 8,7 g/jour de maltodextrine.
    • Consommation de la poudre prébiotique depuis la 21 semaine de gestation jusqu’ au sixième mois de vie.
  • Objectifs et mesures :
    • Objectif principal : taux d’eczéma diagnostiqué médicalement chez les nourrissons à 1 an.
    • Objectifs secondaires : Allergies alimentaires, sensibilisations aux allergènes, fréquence des sifflements respiratoires, ainsi que certains facteurs maternels tels que le diabète gestationnel et la prééclampsie.

Résultats

  • Caractéristiques des participantes :
    • Équilibre des groupes au début de l’étude.
    • 91,7 % des participants ont complété le suivi.
  • Résultats principaux :
    • Pas de différence significative dans l’incidence d’eczéma infantile (31,5 % pour les prébiotiques contre 32,6 % pour le placebo).
  • Résultats secondaires :
    • Aucun effet significatif sur les allergies alimentaires, les sensibilisations allergiques ou les sifflements récurrents.
    • Modifications du microbiome intestinal observées chez les mères et les nourrissons du groupe prébiotiques.
    • Aucune différence notable dans les paramètres maternels (diabète gestationnel, prééclampsie) ou les données anthropométriques des nourrissons.

Discussion

  • Points forts :
    • Conception rigoureuse (randomisation, double insu).
    • Bonne représentativité de l’incidence prévue de l’eczéma dans la population étudiée.
  • Limites :
    • Population majoritairement blanche, limitant la généralisation des résultats.
    • Faible adhérence au protocole, surtout en période postnatale.
  • Interprétation :
    • Les prébiotiques modifient le microbiome maternel et infantile mais n’ont pas réduit significativement le risque d’eczéma infantile.
    • La complexité des facteurs impliqués dans le risque allergique nécessite des approches plus personnalisées.

Conclusion

Bien que les prébiotiques aient modifié la diversité microbienne et augmenté les niveaux d’acétate dans les selles maternelles, ils n’ont pas réduit le risque d’eczéma infantile à 1 an. La recherche future devrait explorer des approches personnalisées intégrant des facteurs génétiques, nutritionnels, microbiens et environnementaux pour prévenir les maladies allergiques.


La potion magique qui empêcherait l’eczéma, les allergies alimentaires ou l’asthme d’arriver est-elle prête ? Est-ce que la prise de prébiotiques durant la grossesse et les premiers mois de vie change la donne ? Cette très belle étude s’est penché sur le sujet de belle manière.

Si l’on peut regretter effectivement que la population se résume à un phénotype particulier et que les prises de prébiotiques après l’accouchement se soient avérées plus erratiques, l’étude est solide.

L’administration de ces compléments n’a rien apporté pour ce qui est de diminuer la prévalence de l’eczéma ou des allergies alimentaires alors même que cela a tout à fait influé sur le microbiote des enfants traités. Faut-il réserver ces traitements à certaines populations qui n’auraient pas été mises en évidence dans cette étude ou bien doit-on plutôt se tourner vers les probiotiques ? Et si oui, lesquels ? une affaire à suivre évidemment.