Urticaire, fiche pratique

vendredi 19 avril 2002 par Dr Philippe Auriol56444 visites

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Urticaire, fiche pratique

Urticaire, fiche pratique

vendredi 19 avril 2002, par Dr Philippe Auriol

L’urticaire est une maladie difficile, parfois allergique, souvent non allergique mais lié à d’autres maladies. Dans cette fiche pratique nous allons vous faire faire le tour de ses mécanismes et de ses solutions.

Les patients souffrant d’urticaire sont très nombreux tant de façon aigüe que chronique. L’urticaire est la résultante d’une activation des cellules cutanées de l’allergie (mastocytes) non nécessairement liée à une allergie. Elle doit son nom aux lésions typiques issues du contact avec des plantes de la famille des urticacées (orties).

Il est à noter que le cycle circadien des mastocytes explique la réalisation de lésions vespérales à exacerbation nocturne et l’absence de lésions résiduelles en fin de matinée au grand dam du malade qui était venu voir en urgence son médecin traitant aprés une nuit abominable de démangeaisons...

Beaucoup d’urticaires aigües sont d’origine infectieuses (virus des hépatites, coxsackies, cmv etc...) ou toxiques liées à un surdosage en susbtances histaminolibératrice (chocolat, café, thé etc...).

Certaines sont facilités par des pathologies sous jacentes (hyperthyroidie, Lupus, hépatite chronique, etc...) ou encore simplement par un "terrain" histaminolibérateur (le phénotype typique du roux/blond à la peau très blanche). Bien sûr il existe des urticaires "neurologiques" ou "psychologiques" mais celles-ci sont un diagnostic différentiel bien souvent témoin de notre ignorance et masquant poliment une autre réalité. Il faut tout de même reconnaitre que l’expression "il/elle me donne de l’urticaire" est le témoin oral de ce phénomène.

Les causes allergiques usuelles des urticaires sont essentiellement alimentaires (les allergènes en cause sont variables selon l’âge) mais les allergènes aériens (pollens, acariens, moisissures...) ne sont pas à négliger surtout chez les patients souffrant d’autres formes d’allergies immédiates (rhinites, conjonctivite, asthme...). Les formes chimiques sont à l’heure actuelle les moins bien connues : le GERDA impute le rôle du formol, de la colophane, de la ppd, du baume du pérou et de bien d’autres substances usuellement placées en "allergie retardée" mais dont les effets "immédiats" sont clairs (le mécanisme n’est pas forcément IgE médié d’ailleurs).

De plus en plus on implique également l’association substance chimique (ie:parfums) et UV avec photosensibilisation dont le diagnostic de certitude est trés laborieux (photo-patchs tests en Unités spécialisés et corrélés à la dose d’UV activatrice).

Il serait dommage de négliger de parler du rôle non allergique des aliments dans la genèse et l’entretien des urticaires. Nous l’avons vu, la lésion d’urticaire est liée à l’histamine libérée par les mastocytes et cette libération s’auto-entretien.

Certains aliments amènent directement à l’organisme de l’histamine permettant donc la prolongation de la crise, ce sont principalement :

 les fromages et aliments fermentés (roquefort, reblochon, choucroute, etc...)
 les boissons fermentées (bière, cidre..)
 les charcuteries
 les conserves (hareng, thon...)
 les poissons de teneur en histamine variable selon l’état de fraîcheur (thon, saumon, hanchois, sardines, harengs, ...)
 les épinards
 les tomates

Les aliments libérateurs d’histamine :

 oeufs
 chocolat
 fraises, ananas, fruits exotiques...
 crustacés frais
 poissons
 alcools
 tomates
 thé, café

Les aliments riches en Tyramine (précurseur chimique de l’histamine) :

 fromages (bourseault, gruyère, camembert, brie, roquefort...)
 poissons fûmés
 gibiers
 saucisses
 chocolat
 tomates, choux, raisins
 vins blancs

A cette longue liste viennent se rajouter la tartrazine (E102) et l’érythrosine (E127) ainsi que l’aspirine, les anti inflammatoires non stéroidiens, la codéine et les sulfites (E220 à E227) qui sont responsables de façon dose dépendante d’une activation des cellules mastocytaires.

J’ajouterai à cette liste les pathologies de fermentation que l’on retrouve chez les grands buveurs de lait et qui sont susceptibles d’entrainer une flore digestive particulièrement productrice d’histamine et par là même expliquer les "pseudo-allergies" au lait qui sont parfois évoquées en médecine "douce".

Le traitement de l’urticaire est donc dans un premier temps la mise au repos des mastocytes par une inhibition forte et durable de ceux-ci (traitement anti-histaminique de type 1 et mesures alimentaires) afin d’obtenir un arrêt de cet enchainement d’activation.

Le traitement étiologique sera en cas d’allergie, le traitement de cette allergie soit une éviction, soit une désensibilisation si l’allergène est un produit standardisé.


Liée à une allergie, à un virus, à un médicament ou à une autre cause, le traitement de l’urticaire est toujours un travail difficile et de longue haleine car il nécessite la bonne intégration de l’ensemble des causes.

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