L’ambroisie a le melon depuis qu’elle a gagné la courge !

lundi 28 février 2011 par Dr Hervé Couteaux1292 visites

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L’ambroisie a le melon depuis qu’elle a gagné la courge !

L’ambroisie a le melon depuis qu’elle a gagné la courge !

lundi 28 février 2011, par Dr Hervé Couteaux

Nature de l’allergie au melon chez des sujets allergiques à l’ambroisie : Une étude de 1000 patients. : Asero, Riccardo1 ; Mistrello, Gianni ; Amato, Stefano

dans Allergy and Asthma Proceedings, Volume 32, Number 1, January/February 2011 , pp. 64-67(4)

 Contexte :

  • Des études antérieures suggèrent une réactivité croisée entre le pollen spécifique d’ambroisie et des allergènes du melon.

 Objectifs :

  • Cette étude visait à préciser l’origine de la réactivité croisée entre le pollen d’ambroisie et la famille des Cucurbitacées.

 Méthodes :

  • Un millier de sujets allergiques à l’ambroisie ont été interrogés sur la présence d’un syndrome d’allergie orale (OAS) induit par le melon ou la pastèque et ont été divisés en réactifs à 3 sources d’allergènes saisonniers ou moins et réactifs à plus de 3 sources d’allergènes saisonniers.
  • Les patients ayant rapporté une allergie au melon et / ou à la pastèque ont subi des tests cutanés (SPT) avec du melon frais et, ont également été testés, après 2006, avec un extrait de pollen de palmier dattier enrichi en profiline.
  • Parce qu’aucune IgE-réactivité à l’extrait de melon n’a été détectée in vitro, un test ELISA a été réalisé à l’aide d’un extrait de pollen de palmier dattier, et des tests d’inhibition ont été effectués à l’aide de pollens de Graminées, de profiline de palmier dattier, et d’albumine sérique bovine (BSA) comme inhibiteurs.

 Résultats :

  • 646 sujets ont réagi à 3 allergènes saisonniers ou moins et et 354 sujets ont réagi à plus de 3 allergènes saisonniers.
  • 4 sujets sur 646 (1%) et 81sujets sur 354 (23%) ont signalé des antécédents d’OAS induit par le melon ou la pastèque (p<0,0001).
  • 43 des 46 (93%) sujets réactifs au melon ont eu des SPT positifs à l’extrait de pollen de palmier dattier enrichi en profiline qui a été positif pour 0/2 (0%) des sujets réactifs à 3 sources d’allergènes saisonniers ou moins versus 43/44 (98%) des sujets réactifs à plus de 3 sources d’allergènes saisonniers (p <0,0001).
  • in vitro, le sérum de sujets allergiques au melon a montré une forte IgE-réactivité à l’extrait de pollen de palmier dattier enrichi en profiline, qui a été abolie par préabsorption avec les pollens de Graminées et un extrait de pollen de palmier dattier, mais pas par la BSA.

 Conclusion :

  • Chez des sujets allergiques au pollen d’ambroisie, l’allergie au melon est très probablement liée à une sensibilisation croisée à une profiline panallergène et non à des allergènes spécifiques de pollen d’ambroisie.
  • Cette étude confirme l’association entre la sensibilisation à la profiline et l’allergie au melon.

Cette étude italienne, pilotée par Ricardo Asero, a mis en évidence que l’allergie au melon survenant chez des sujets polliniques à l’ambroisie était liée le plus souvent aux profilines.

L’allergie au melon a été plus fréquemment observée chez des sujets réagissant à au moins trois pollens issus de sources différentes (Il n’est pas précisé s’il s’agit d’une réactivité cutanée, sérique ou clinique…)

Des tests d’inhibitions ont montré qu’un extrait de pollen de Graminées et qu’une profiline (celle du palmier dattier) inhibaient la réactivité vis-à-vis non pas du melon (c’est dommage !) mais vis-à-vis d’un extrait de pollen de palmier dattier…

Rarement isolée, la réactivité clinique aux profiline s’observe le plus souvent (en Europe du moins…) dans le cadre de syndromes pollens-aliments.

Si le pollen d’ambroisie a été étudié ici, d’autres études avaient déjà mis en évidence un épitope commun entre la profiline de melon, celle de la fléole et celle du bouleau ; l’ambroisie, les Graminées, les Fagales, l’armoise, les Oléacées, les plantains jouent-ils le même rôle dans l’allergie à la profiline à une différence quantitative près ?

En d’autres termes, certains pollens sont-ils simplement plus inducteurs d’allergie à la profiline que d’autres ou faut-il envisager des mécanismes plus variés sinon plus complexes ?

Le rôle des autres allergènes de la pastèque et du melon restent encore à préciser et nous ne disposons pas (encore) d’outils moléculaires nous permettant d’explorer plus finement ce genre d’allergie.