L’allaitement maternel exclusif prolongé favorise la survenue de la dermatite atopique.

mercredi 9 mars 2016 par Dr Alain Thillay2975 visites

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L’allaitement maternel exclusif prolongé favorise la survenue de la dermatite atopique.

L’allaitement maternel exclusif prolongé favorise la survenue de la dermatite atopique.

mercredi 9 mars 2016, par Dr Alain Thillay

Le sevrage précoce est bénéfique pour prévenir l’apparition de la dermatite atopique chez les jeunes enfants. : Turati F, Bertuccio P, Galeone C, Pelucchi C, Naldi L, Bach J-F, La Vecchia C, Chatenoud L, .

Early weaning is beneficial to prevent atopic dermatitis occurrence in young children.

dans Allergy 2016 ; DOI : 10.1111/all.12864.

 Contexte :

  • Les données épidémiologiques sur les pratiques d’alimentation du nourrisson et les maladies allergiques sont controversées.

 Objectif :

  • Le but de cette étude était d’explorer l’association du sevrage précoce avec l’apparition de la dermatite atopique (DA).

 Méthodes :

  • Nous avons mené une étude cas-témoins appariés sur l’incidence de la DA, diagnostiquée par un médecin dans la petite enfance, comprenant 451 cas et 451 contrôles.
  • Les données concernant plusieurs facteurs, y compris, les pratiques d’alimentation, ont été recueillies au moyen d’un questionnaire administré par un intervieweur.
  • Les odds ratios (OR) et les intervalles de confiance à 95% correspondant (IC) ont été estimés au moyen de modèles de régression logistique, conditionnés par le centre d’étude, l’âge, le sexe et la période d’entretien, et, ajustés en fonction des facteurs confondants potentiels.

 Résultats :

  • Le sevrage précoce, défini comme l’introduction d’aliments solides à 4 ou 5 mois, était inversement proportionnel au risque de DA, les enfants sevrés à 4 mois ayant un risque inférieur de DA (OR = 0,41, IC 95%, 0,20 à 0,87) comparativement à ceux nourris exclusivement au sein.
  • Des résultats similaires ont été observés pour le sevrage commencé à 5 mois (OR = 0,39, IC 95%, 0.18-0.83).
  • Cette association a persisté lorsque les enfants avec et sans antécédents familiaux d’allergie ont été examinés séparément.
  • L’allaitement maternel partiel prolongé (lait maternel plus formules lactées) n’était pas associé à la DA.
  • De façon constante, l’introduction d’un grand nombre de différents aliments solides réduit le risque de DA (P tendance = 0,02 à 4 mois d’âge et P tendance = 0,04 à 5 mois).

 Conclusion :

  • Nos données fournissent des preuves allant à l’encontre du rôle de prévention de l’allaitement maternel exclusif prolongé (mais pas partiel) sur l’apparition de la dermatite atopique et confirment les résultats récents indiquant un rôle bénéfique du sevrage précoce dans la dermatite atopique.

Il fut un temps où les études suggéraient un rôle protecteur de l’allaitement maternel exclusif à l’encontre de la dermatite atopique. Ainsi, Gladevich M. et al. sortaient une revue systématique de toutes les études publiées jusqu’en 2000 qui tendait à montrer un rôle protecteur de l’allaitement maternel exclusif d’au moins 3 mois sur le développement de la dermatite atopique particulièrement chez les enfants ayant des antécédents atopiques familiaux.

Mais rien est simple en allergologie, une méta-analyse actualisée en 2008 comptant 21 études concluait à un manque de preuve en faveur de cet effet protecteur (Yang YW. et al.) même si les parents étaient atopiques.

Encore plus cruel, en 2012, une revue de 24 études montrait l’absence d’élément solide pour parler de protection vis-à-vis de la DA, Matheson MC et al, complètement en accord avec une revue Cochrane publiée par Kramer MS et al, elle aussi publiée en 2012.

En 2011, une étude de cohorte (18 000 nouveau-nés) rapportait que l’augmentation de la durée de l’allaitement maternel augmentait le risque de DA à l’âge de 18 mois, Chuang CH. et al.

L’étude ISSAC phase II ne trouvait pas de preuve en faveur d’une protection de l’allaitement maternel à l’encontre de la DA, Flohr C. et al.

Cette étude franco-italienne présente quelques éléments solides.

Inclusion de cas et de témoins appariés.

Inclusion des seuls enfants diagnostiqués pour la première fois comme atteints de DA (incidence).

Un très haut niveau du nombre de réponses au questionnaire.

Autre aspect, les éléments pour éviter les biais liés à la pratique effective de l’allaitement maternel exclusif ont fait l’objet d’une enquête minutieuse, les résultats sont donc fiables à ce sujet.

Les résultats vont dans le sens d’un rôle favorable d’une diversification alimentaire précoce, entre 4 et 5 mois, ce qui conforte l’idée que l’exposition précoce à haut degré de diversité antigéniques durant une « fenêtre critique précoce » favorisant la maturation du système immun muqueux et la tolérance orale.

En conclusion, la présente étude confirme les résultats d’autres travaux, l’introduction tardive des aliments solides augmente le risque d’apparition d’une dermatite atopique.

Vos commentaires

  • Le 22 janvier 2017 à 14:11, par maman allaitante En réponse à : L’allaitement maternel exclusif prolongé favorise la survenue de la dermatite atopique.

    Je trouve grave et quelque peu stupide de titrer une pseudo étude de cette façon : car NON la dermatite atopique n’est pas favorisée par l’allaitement tardivement exclusif mais par l’ignorance des allergènes que la mère peut transmettre via le lait à son enfant !
    Par ailleurs, forcément le sevrage permettra de contrôler la DA puisqu’il est plus facile de contrôler ce qu’on prépare directement pour l’enfant que d’aménager le régime alimentaire de la mère en fonction des allergies de l’enfant.
    Une étude concluante devrait se faire sur des enfants dont les allergies sont connues et selon si la mère suit un régime d’éviction ou non.