allergie aux pollens

mardi 1er avril 2025 par Dr Philippe Auriol24 visites

Accueil du site > Allergènes > Aériens > Pollens > allergie aux pollens

allergie aux pollens

allergie aux pollens

mardi 1er avril 2025, par Dr Philippe Auriol

Aujourd’hui, nous allons parler de l’allergie aux pollens.

L’allergie aux pollens, également appelée pollinose ou parfois « rhume des foins » est une maladie allergique en pleine expansion.

Mais qu’est-ce c’est un pollen d’abord ?

Si la plupart des végétaux sont à la fois mâle et femelle et s’en passent très bien, les pollens sont une nécessité pour de très nombreuses herbes, plantes et arbres pour leur reproduction. Sans eux : pas de fruits, pas de graines, plus de diversité de vie pour ces acteurs essentiels de notre quotidien.

Ils s’étudient en laboratoire sous le nom de « palynologie ».
En dehors des connaissances scientifiques pures, cela permet concrètement de donner des bulletins d’information tout au long des saisons et de faire des prévisions de type et de quantité de pollens.
Pour les archéologues ce sont des indices précieux pour reconstituer le biotope des lieux anciens et donc les climats de ces époques mais également pour déterminer si des lieux de sépulture étaient accompagnés d’offrandes de fleurs comme cela a été discuté pour Neandertal.

Et pourtant, ceux-ci sont chaque année de plus en plus redoutés par des milliards d’humains petits et grands.

Formé dans la fleur par l’étamine et destiné au pistil, le pollen a de multiples manières de se répandre :

  • Porté par des insectes, on le dit entomogame
  • Diffusé par l’eau, il est hydrochorique
  • Si des animaux se chargent de cette tâche, il est zoogame
  • Enfin, si le vent les transporte il est anémogame

Un jour, Bastien, un petit bonhomme de douze ans m’a dit dégouté : « Vous voulez dire que c’est le sperme des plantes que l’on respire ? ». Ben oui Bastien, c’est un peu ça… et quand tu te baignes dans la mer… non, ça je te le dirais quand tu auras treize ans.

C’est gros comment un pollen ?

Quelques dizaines de microns, de 20 à 55 µm soit moins d’un vingtième de la taille d’un acarien. Leur forme est très variable : parfois en forme de T, parfois proche de l’étoile de la mort de Star-wars, ovoïde le plus souvent.

Le pollen intact n’est qu’un polluant comme un autre. Un gros polluant, ceux qu’on appelle PM10. Les petits polluants ce sont les particules fines : d’une taille entre celle d’un globule rouge (7µm) et celle d’une bactérie (1µm). Un pollen c’est assez gros quoi.

D’ailleurs ce n’est pas au pollen que vous êtes allergiques, non. Vous commencez à en avoir l’habitude : ce sont des molécules constituantes le pollen qui sont les allergènes.

Les pollens aériens sont constitués d’une paroi externe dure, l’exine, avec à l’intérieur deux ou trois compartiments. Ils transportent sur leur membrane externe le microbiote de la plante émettrice, mais ils se chargent également des polluants atmosphériques qui vont l’altérer et lui permettre de diffuser dans l’air ses composants allergéniques.

C’est à cause de la pollution que l’on devient allergique alors ?

Pas tout à fait non. Le pollen par lui-même vieillit et va diffuser ses allergènes en se dégradant.
La pollution atmosphérique a deux effets :

  • le premier c’est d’altérer la paroi externe (l’exine) et de faciliter la diffusion plus précoce des molécules constituantes avant même que le pollen ne se soit dégradé lui-même.
  • Le deuxième c’est de faire produire par le pollen des composants de défense, comme les PR-10 et celles-ci sont justement l’allergène majeur des allergiques aux pollens de bétulacées.

Par contre, le réchauffement climatique lui, est tout à fait responsable de l’augmentation du nombre de grains de pollens dans l’air, ça oui.

Une température plus élevée, davantage de CO2, mais c’est le bonheur pour la pollinisation printanière. Ces dernières années ont mis en évidence de manière globale des saisons polliniques plus riches en nombre de grains de pollens par mètre cube d’air et des saisons plus longues. C’est la tendance générale.

Bien sûr il y a des variations selon les pays, le réchauffement n’est pas homogène. La tendance globale est tout de même partout des saisons polliniques plus précoces, plus longues, plus intenses.

C’est qui le responsable du réchauffement climatique déjà ? Les plantes ? Non, mauvaise réponse, vous pouvez repartir avec votre diesel et ses particules fines qui altèrent les grains du pollen et relargue son CO2.

Ok, j’ai bien compris c’est ma faute, comme d’habitude, et je fais quoi maintenant pour ne plus souffrir de mon allergie au pollen ?

D’abord, il va falloir respecter les règles habituelles :

  • Aérez votre maison 10 minutes par jour, avant ou après le coucher du soleil
  • Prenez votre traitement anti-histaminique avant de vous exposer aux pollens
  • Roulez en voiture fenêtre fermée
  • Ne faites pas sécher votre linge en extérieur en saison de pollens
  • Portez masque et lunettes si vous devez sortir aux heures de pollinisation (heures chaudes)
  • Pas de sport en extérieur non plus sur ces heures là
  • Rincez vous les cheveux, le nez et la gorge en rentrant chez vous
  • Prenez votre spray anti-inflammatoire en rentrant si le nez est bouché ou démange

Ensuite si ces traitements ne suffisent pas, prenez rendez-vous chez un médecin allergologue afin qu’il voie s’il est possible de vous désensibiliser. Que ce soit possible ou non : il refera un point avec vous sur les solutions adaptées.

Non mais moi mon médecin il me fait une piqure de cortisone et hop c’est fini

Ce n’est pas une bonne idée. D’abord votre injection c’est celle d’un corticoïde retard. Vous avez l’impression d’avoir une prise isolée alors que non, il s’agit d’un corticoïde qui va diffuser lentement, plusieurs mois, dans votre corps, sans qu’il soit possible de l’arrêter.
De plus, ces injections sont parfois responsables de nécroses musculaires ou de la hanche.

Si vous avez besoin d’un corticoïde, prenez le par la bouche : d’une part vous êtes alors conscient que vous en prenez plusieurs jours de suite, ensuite en cas de maladie, vous pouvez l’arrêter aussitôt.

C’est fréquent l’allergie aux pollens ?

Oui, très fréquent, pas loin du quart de la population à une forme plus ou moins forte d’allergie aux pollens. Il est rare que cela commence avant deux ans et, parfois, quand votre système immunitaire décline avec l’âge, vous pouvez guérir de votre allergie aux pollens.

Comment sait-on que l’on est allergique aux pollens ?

Nez qui coule sans fièvre, yeux, gorge ou oreilles qui démangent, éternuements, diminution de l’odorat, nez bouché, oppression respiratoire sont les signes habituels de l’allergie aux allergènes de l’air.

Si cela vous le fait en extérieur toujours à la même période dans la même région, c’est très probablement une allergie aux pollens.

Le médecin allergologue pourra vous recevoir pour faire le bilan de tout cela, mais l’urgence est pour l’instant de voir votre médecin traitant pour qu’il vous donne de quoi passer la saison. Souvenez-vous de notre premier épisode : chaque fois que vous hésitez à vous traiter, que vous dites « ce n’est pas grave », votre allergie se renforce.

La désensibilisation augmentera progressivement la quantité de pollens que vous arriverez à supporter sans réagir. Son efficacité est nette après le troisième mois de prise, elle dure 3 à 5 ans.

De toute manière je suis allergique à tous les pollens.

Effectivement, certaines personnes sont allergiques à des molécules qui n’appartiennent pas à une seule famille de pollens mais à de très nombreuses familles.

C’est alors difficile d’être efficace avec une désensibilisation car nos produits de traitement d’immunothérapie sont très riches en allergènes majeurs, spécifiques, mais peu en allergènes mineurs, qui sont ceux communs entre les différentes familles de pollens.

Parfois, votre allergie aux pollens ne se traduira pas par ces signes habituels mais par des allergies alimentaires.

Les plus fréquentes sont les allergies croisées des PR-10 qui entraînent des réactions qui peuvent être présentes toute l’année avec des fruits ou des légumes crus qui démangent la gorge, laissent une sensation de difficulté à déglutir ou un gonflement de lèvre. Si cela ne le fait qu’avec l’aliment cru et pas quand il est cuit, vous êtes probablement allergique à cette molécule.

D’autres molécules polliniques vous feront réagir avec les bananes et l’avocat, d’autres avec le melon, concombre ou pastèque et d’autres encore avec le céleri ou la laitue. C’est le monde merveilleux des allergies croisées que nous aborderons plus tard.

Et comment je sais si c’est grave cette réaction alimentaire ?

Il n’y a pas de certitude en médecine, ce serait trop facile. Disons que les PR-10, fruits et légumes crus, c’est plutôt pas grave et très rarement grave, alors que le céleri cuit c’est plutôt grave, mais parfois non.

Quand la forme est grave, souvent, il y aura des maux de ventre, de la démangeaison de la paume des mains, de la plante des pieds ou du haut du crâne suivis d’une éruption urticarienne, d’un œdème ou d’une oppression respiratoire. Avec ces signes là, c’est grave : allez écouter l’épisode sur le choc anaphylactique, ça vous sera utile.

Ok, c’est bon, je suis concerné, je veux savoir quel pollen est là quand c’est ma saison.

En fait, dire quel pollen est dans votre nez à un moment précis c’est impossible mais dire quel pollen est très probablement en cause pour vous, cela l’est déjà plus.

Voyons les outils :

À tout seigneur tout honneur, le RNSA sur le site pollens.fr, vous propose des calendriers polliniques rétrospectifs et prévisionnels basés sur les mesures des centaines de capteurs polliniques analysés années après années. Ils donnent des tendances à partir de mesures de la semaine d’avant. Ils vous disent de quel pollens vous avez souffert, la semaine dernière. Un capteur de pollens, comme votre nez, sur-représente toujours les pollens qui lui sont les plus proches et témoigne essentiellement de l’activité pollinique des deux kilomètres autour de lui. NB : suitez à un récent rapport de l’IGAS qui dénonce une gestion opaque du RNSA, c’est le site ATMO FRANCE qui prend le relais.

Une autre manière de faire c’est les pollinarium, sur le site web.alertepollens.org Vous créez un jardin avec les espèces endémiques de votre région et observez jour après jour la maturation des plantes pour annoncer la saison dès que la fleur paraît. C’est bien mais c’est du travail. En plus, vous n’habitez pas dans le pollinarium et peut-être que votre jardin est mieux exposé que celui du pollinarium et que votre pollen à vous, chez vous, est déjà dans l’air.

Sinon, il y a aussi pollinair.fr qui améliore le concept du pollinarium en y ajoutant de l’auto-déclaratif. Vous vous savez allergique aux pollens de poacées et vous avez des symptômes ? Signalez vous et votre plainte sera diffusée chez tous les membres du réseau. Vous êtes botaniste et voyez une plante qui pollinise ? Signalez la et tous les allergiques au pollen de cette plante le sauront.

Ils sont très biens ces sites mais moi, c’est différent.

Effectivement, votre nez est votre nez. Peut-être est il plus fragile ? Peut-être êtes vous allergique à des allergènes communs entre pollens à d’autres allergènes que ceux des pollens ? Peut-être êtes vous fumeur ? Vapoteur ? Tous ces éléments personnels qui font que ces alertes ne sont finalement pas si adaptées que ça pour vous.

Si vous voulez le savoir, apprenez à vous connaître vous-même : lors de la consultation avec votre médecin allergologue votre habitat, vos habitudes, votre état de santé seront mis en parallèle avec vos tests cutanés et biologiques et en apprenant à reconnaitre les plantes qui émettent vos pollens, vous serez le meilleur pour savoir quand et comment réagir.

En résumé,

  • L’allergie aux pollens est en augmentation
  • Il y a de plus en plus de pollens dans l’air et les saisons sont de plus en plus longues et intenses
  • Ce n’est pas la faute des plantes mais des humains qui polluent et réchauffent la planète
  • Vous n’êtes pas allergique au pollen mais à des molécules libérées par le pollen et ces molécules peuvent également vous donner des signes alimentaires
  • Il y a des traitements et des mesures de prévention efficaces à prendre et si ceux-ci s’avèrent insuffisants une immunothérapie allergénique, désensibilisation, est bien souvent possible.
  • De nombreux outils collaboratifs permettent d’estimer votre risque allergique, ils sont utiles même s’ils ne sont pas absolus.

Dans le prochain épisode, nous parlerons de l’asthme.

Merci à vous les amis, prenez soin de vous.


Le rhume des foins, la pollinose ou tout simplement l’allergie aux pollens. Ce fléau qui frappe près d’un Français sur quatre s’accentue avec le changement climatique. Je vous propose une écoute de dix minutes sur le sujet ou, si vous le préférez, retrouvez en ici la transcription.

Abonnez-vous!

Recevez les actualités chaque mois